World Press Photo : la liberté d’expression comme message, la photographie comme vecteur

World Press Photo : la liberté d’expression comme message, la photographie comme vecteur

Du 21 septembre au 23 octobre, le musée ethnographique accueille l’exposition “World Press Photo 2017(1). Parmi les 80408 clichés venus de 126 pays, une centaine d’images ont été sélectionnées par les membres du jury de ce célèbre concours annuel honorant la photographie de presse.

Habituellement destiné à faire connaître les modes de vie traditionnels des populations hongroises, le musée ethnographique se transforme. Rassurez-vous pas architecturalement, il n’en n’a pas besoin. Que peut-on rajouter ou enlever pour le rendre plus magnifique ?! Rien. Il se transforme car il accueille, l’espace d’un mois, les photographies primées du concours mondialement connu World Press Photo.

L’exposition est organisée en huit catégories. Des problématiques contemporaines au sport, des projets à long termes à la nature, de l’actualité dans ses grandes largeurs à la vie quotidienne et des dernières nouvelles aux individus : World Press Photo nous escorte à travers le globe. Nous sommes transportés des régions désertiques aux immeubles en ruines, des zones de guerre aux paysages polaires.

L’exposition nous invite à redécouvrir le monde actuel, elle nous le révèle dans ce qu’il a de plus terrible, de plus injuste. Dans ce qu’il a de plus authentique aussi.

Miroir sociétal

Car c’est là sa fonction : être un miroir des événements qui rythment nos sociétés, qui les bouleversent, qui les touchent. Les photographies sont esthétiques, bien entendu. Il suffit au visiteur d’observer cette tortue prise au piège dans des équipements de pêche ou bien de voir ce plongeon du tennisman français Gaël Monfils (habitué aux acrobaties de ce genre) pour tomber en admiration devant le travail et le talent de ces photographes.  Comment ne pas citer aussi le travail de Bence Máté, photographe hongrois récompensé d’un Wildlife Photographer of the Year en 2010 à Londres ?! Ses photos de ces animaux sauvages enchanteront petits et grands. Néanmoins, ce serait une terrible erreur de ne pas voir en cette exposition un témoignage. Un témoignage de nos temps tourmentés.

L’année 2016 a eu son lot de tragédies. La situation des réfugiés venus des régions en guerre (qui au péril de leur vie traversent les mers et parfois succombent à ce voyage périlleux), les zones de conflits au Moyen Orient ou encore les violences aux Philippines nous le rappellent. László Bitó, écrivain et défenseur des droits humains  a justement insisté sur ces photos qui sont le cœur de l’exposition. Certains clichés sont certes tendres et plein d’espoir mais c’est bien la mort la vedette de la collection. Elle est partout, touchant enfants et adultes, hommes et femmes, humains et animaux. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si  le prix World Press photo de l’année récompense quasi systématiquement une photographie immortalisant un évènement meurtrier, tragique ou dramatique. 

En 2013, le prix était revenu à Paul Hansen, auteur d’un cliché représentant des hommes transportant les dépouilles de deux jeunes enfants tués par des missiles Israéliens. En 2016, Warren Richardson était l’heureux gagnant de ce concours. Son cliché faisait référence à la crise des réfugiés en Europe. Vous l’aurez deviné, cette année ne déroge pas à la règle. La photographie primée est celle de l’assassinat de l’ambassadeur russe en Turquie par Mevlüt Mert Altıntaş.

Chasse aux “Fake News”

World Press Photo est une association qui lutte pour la liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté d’enquêter. C’est un but évidemment louable et ô combien essentiel. Dans de nombreux pays, dont la France (2), ces libertés ont reculé. Le message est clair: aucun événement ne doit échapper à l’œil (et l’appareil) du photographe. L’information doit être accessible à tous.

Mais cette dernière est-elle toujours fiable ? Malheureusement non. L’exemple de la campagne pour les élections présidentielles est encore récent dans nos têtes (Mélenchon aurait une Rolex, Macron souhaiterait faire payer un loyer aux propriétaires...). La multiplication des “Fake News” ou fausses informations polluent le débat et, plus grave encore, nos esprits.

Comment lutter contre celui-ci ? Par l’exemple tout simplement. Chaque photographie sélectionnée par les jurys est examinée longuement. Retouches, modifications, cadre utilisé...Rien n’échappe à l’œil des contrôleurs. Rien n’est laissé au hasard pour garantir des photographies authentiques, honnêtes. Des photographies qui ne trichent pas avec la réalité. Et qui ne trichent pas avec nous, spectateurs.

François Lalande

(1) Organisé par le photographe Tamás Révész et l’équipe d’Amsterdam dont Eric Jager et l’ambassadeur néerlandais à Budapest René van Hell  ont inauguré l’exposition. https://www.worldpressphoto.org/

(2) https://francais.rt.com/opinions/9265-recul-liberte-expression-france

 

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