L’héritage culturel de Jacques Leonard

L’héritage culturel de Jacques Leonard

Récits et photographies de la vie bohémienne à Barcelone

Souvent méconnue du grand public, la culture de ceux qu’on appelait autrefois « Bohémiens » fut le thème d’une soirée projection (deux films) début-juin à l’Institut Français par Romedia. Sa directrice, Katalin Bársony, souhaitait réunir les influences de trois réalisateurs de nationalités différentes mais d’origine commune, puisqu’ils sont issus de la communauté rom.

« Jacques Leonard : El Payo Chac » l’un des films présentés à la soirée, dresse le portrait du personnage singulier qu’est Jacques Leonard. Le projet cinématographique, conçu à partir de ses mémoires et ses 3 000 négatifs de roms barcelonais s’avère être une véritable autobiographie et un héritage unique, de par sa rareté et son originalité.

« Gitanos barceloneses »

Jacques Leonardo, descendant d’une famille d’aristocrates y est décrit avec une personnalité renfermée mais dotée en même temps d’un charme exceptionnel.

Né à Paris, il exerce la profession de photographe et d’écrivain. En 1952, lorsque son premier mariage échoue, il se retire à Barcelone et fait la rencontre d’une femme rom nommée Rosario. Intrigué par sa beauté rayonnante et son inaccessibilité, il tombe sous son charme. Malgré leur différence d’âge et les coutumes de l’époque qui rejetaient toute union entre une rom et un non-rom, ils finirent par se marier et fondèrent une famille multiculturelle.

Plongé dans le monde des Roms, Jacques Léonard documente la transition des « gitanos barceloneses » dans ses mémoires où il évoque l’insertion des roms dans la société espagnole qu’il décrit comme vitale pour mettre un terme à la forte marginalisation de ces minorités qui existe depuis des centaines d’années.

Le film de Yago Leonard, petit-fils de Jacques Leonard, dépeint le portrait d’une communauté et d’une époque singulière. On y découvre le sens sublime de la famille, liée par l’amour tout autant que la fête et le bonheur, ancrage culturel du quotidien des roms. Un portrait joyeux qui a plu à l’audience espagnole, dont Yago Leonard et son équipe de moins de 10 personnes peut être fier. Ce succès l’a poussé à tourner une deuxième partie, avec le soutien de la télévision espagnole qui a tout de suite été emballée par le projet. Cette suite se concentrera principalement sur la famille française de Jacques Leonard.

8 % de Roms en Hongrie

De l’Ukraine à l’Espagne, les discriminations envers les populations roms perdurent encore de nos jours en Europe. Le nombre de Roms en Hongrie est estimé à 750 000, soit 8% de la population, hélas bouc-émissaire au sein du pays. On peut notamment relever une forte corrélation entre les discours anti-roms et les crises économiques ces dernières années.

Lors de la table ronde qui a succédé la projection, les deux autres invités de la soirée, Galya Stoyanova, réalisatrice bulgare, et Petya Rusanenko, réalisateur ukrainien, ont partagé leurs déterminations à faire comprendre la culture rom par des projets cinématographiques.

Les réalisateurs se sont tenus côte à côte, réunis dans l’institut français pour sensibiliser le public et briser les stéréotypes dont sont victimes ces populations, et sont aujourd’hui, obstacle à l’intégration et au respect des minorités ethniques.

Lisa Coiffard

 

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