Budapest, capitale de la musique

Budapest, capitale de la musique

„Budapest, capitale de la musique”, telle est la formule retenue  pour ouvrir la présentation à la presse par le chef hongrois Iván Fischer de ses contacts avec la municipalité de Budapest. Contacts visant à mettre en œuvre un projet commun de promotion de la musique auprès des habitants de la capitale. Le contexte: confrontée à des difficultés financières, la municipalité de Budapest a voté voici quelques mois une réduction drastique (plus de 70%) du budget qu’elle alloue chaque année à l’orchestre, et ce en cours d’exercice et sans préavis. Il convenait donc de rectifier le tir en intéressant, en associant, davantage la municipalité à ses activités.

Une formation qui, ne serait-ce que parce qu’elle porte le nom de la ville dans son intitulé „Orchestre du Festival de Budapest” (en hongrois Budapesti Fesztiválzenekar – BFZ), contribue largement à promouvoir l’image de la capitale hongroise de par le monde. Qualifiée par le New-York Times d’un des dix meilleurs orchestres au monde, la formation fondée et conduite par Iván Fischer se produit régulièrement à l’étranger, non seulement en Europe, mais sur le continent américain et en Asie, toujours avec le plus vif succès. Sans compter les nombreux enregistrements et passages sur les antennes un peu partout dans le monde. Et ce depuis bientôt 25 ans.

Mais au-delà de ce support promotionnel inestimable qu’il constitue pour la ville, l’orchestre du Festival de Budapest déploie par ailleurs une action sans précédent pour aller au-devant de ses habitants, leur porter littéralement la musique dans leur plus proche environnement, partant la leur faire découvrir et aimer.

Pour ce faire, les initiatives déployées sont nombreuses et variées. Déjà citées pour certaines dans ces colonnes, il n’est pas vain d’en dresser ici un petit rappel.

Pour commencer, nous citerons le festival Passerelles sur l’Europe organisé en commun avec le Palais des Arts (Müpa). Un festival chaque année centré sur un pays invité (cette année, la France),  manifestation  destinée à jeter un pont entre les différents pays et peuples d’Europe pour une meilleure connaissance mutuelle et une plus grande tolérance à travers la musique. Riche en événements, telle cette semaine française qui s’est récemment tenue au Palais des Arts avec plus d’un quinzaine de spectacles et expositions regroupant des artistes de tous les milieux, du jazz au classique en passant par la chanson traditionnelle.

Dans un tout autre genre, nous citerons ces „Concerts-chocolat” destinés aux enfants de 5 à 12 ans qui se tiennent depuis plus de 20 ans, à raison d’une dizaine par an. Destinés à les initier à la musique sous une forme ludique (présentée à la façon d’un conte), ils sont également agrémentés deux fois par an d’une variante adaptée aux enfants autistes et leur famille avec des trouvailles souvent cocasses. Avec l’intervention d’Iván Fischer lui-même en animateur.   

Toujours à destination des enfants, une autre animation (gratuite) est organisée dans les écoles à raison d’une quarantaine pas an sous le nom „Tâtons des instruments”. Les musiciens des différents pupitres viennent y présenter aux enfants leurs instruments et les mettent dans leurs mains pour les leur faire essayer.

A destination des benjamins et juniors, les membres de l’orchestre se rendent chaque année dans les écoles, lycées  et collèges pour y représenter des petits opéras pour la jeunesse, n’hésitant pas à solliciter leur intervention, que ce soit dans l’orchestre ou dans les chœurs. Egalement gratuites, ces manifestations se renouvellent une dizaine de fois par an et sont suivies d’un échange avec les musiciens.

Autre initiative originale, destinée cette fois aux plus grands, la clientèle habituelle des discos, les Midnight Music ou, en deux endroits de la ville, les jeunes gens („tandis que les parents dorment à  la maison..”)  se voient proposer l’écoute d’œuvres classiques, mais dans une ambiance totalement décontractée. Organisées quatre fois par an, ces nuits musicales obtiennent toujours un vif succès auprès des jeunes.

Autre variante offerte aux habitants de la capitale, les Concerts de chambre du dimanche,  où, dans la salle des répétitions, un groupe de musiciens de l’orchestre se produit dans une ambiance familiale.

Toujours dans un cadre intime, le Pique-nique familial se tient sur toute une journée, associant convivialité et pédagogie. Une journée au cours de laquelle parents et enfants ont tout le loisir de côtoyer les musiciens, de découvrir leurs instruments, voire de les essayer (participation gratuite).

Visant un public plus vaste et varié, enfin, ces concerts auprès des communautés consistent à se rendre sur les lieux de culte, dans les écoles, maisons de retraite ou établissements d’accueil des enfants. Egalement gratuits, ces concerts se tiennent une vingtaine de fois dans l’année.

Enfin, pour couronner le tout, le temps fort de l’année est constitué par le fameux Concert dansant en plein air, qui se tient chaque printemps sur la place des Héros de Budapest  sous le mot d’ordre à l’adresse des enfants  «Viens danser avec nous». Plusieurs centaines d’enfants venus pour la plupart de province, issus de tous les milieux, mais en majorité de milieux en difficulté (dont des roms) dansent au pied du podium où se produit l’orchestre. Une manifestation placée sous le signe de la tolérance, à laquelle assistent chaque année plusieurs milliers de spectateurs.

Comme l’on voit, Iván Fischer et ses musiciens ne ménagent ni leurs efforts ni leur imagination pour aller porter la musique au-devant des habitants de Budapest. Des manifestations qui, au demeurant, ne signifient en aucun cas gabegie, leur coût total ne dépassant pas 240 millions HUF (800 000 €) (*).

Autant de raisons pour présager une bonne collaboration avec les dirigeants de la ville qui, en définitive, ne pourront qu’y trouver leur compte.  A suivre...

Pierre Waline

(*): pour un budget total avoisinant les 3 milliards HUF, dont seul un peu plus du tiers, 1,15 milliards, est alloué par l’Etat (ministère des Ressources humaine). Un budget qui correspond grosso au quart de celui de l’Orchestre bavarois de Munich ou au tiers de celui du Concertgebouw d’Amsterdam, à prestation égale.

 

 

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