Hanna Kürthy et son univers merveilleux et joyeux

Hanna Kürthy et son univers merveilleux et joyeux

Hanna Kürthy a parcouru le monde de l’ancienne chapelle royale de Senlis - où elle a exposé ses toiles à l’inauguration de la Fondation Cziffra – jusqu’à Budapest.  Très jeune elle a eu des récompenses à travers le monde : de Tokyo à Paris. A Budapest c’est le nouveau Café Szamos inauguré tout récemment, décoré par le cheval au galop de Hanna sortant de l’univers merveilleux des légendes et des contes populaires hongrois. Préparant une grande exposition on voit au Café quelques-unes de ses toiles représentant  des lieux  emblématiques de la ville dont le Parlement  - et cela se trouve juste en face du Parlement. Nous avons rencontré l’artiste en ce lieu prestigieux  et dans son atelier plein soleil.

"Lorsqu’elle dessine Budapest, elle dynamise son vécu et fait presque danser ses thèmes” – a écrit Balázs Feledy dans son livre évoquant les dessins de Hanna représentant les monuments historiques de la ville.

Le prix Michel-Ange fait partie également des récompenses de Hanna Kürthy qui a vécu en France, en Grèce, en Californie et en Afrique avant de revenir en Hongrie – mais c’est son premier voyage avec une bourse de la Fondation Cziffra qui était décisif dans sa carrière. Le grand musicien Georges Cziffra a remarqué  l’art de Hanna en disant que son talent est prometteur et qu’elle a un grand avenir devant elle. A sa demande c’est elle qui a créé l’emblème de la Fondation où l’on voit l’ancienne chapelle royale. Jadis haut lieu du royaume où Hugues Capet fut proclamé Roi de France, ce lieu était sauvé par Cziffra. Pour y installer la Fondation, le musicien était conseillé et aidé par André Malraux, ministre de la culture à l’époque. Hanna a dédié de nombreuses toiles et des dessins aux concerts organisés entre les murs de l’église reconvertie en salle de concert. L’artiste reprend de nouveau ce sujet et se souvient comment la chapelle toute noire et dans un piètre état est devenue un lieu splendide – avec des murs tout blancs à l’intérieur  et avec des vitraux bleus du célèbre maître catalan, Miró. Dans son imaginaire la chapelle renaît en pastel violet, sur sa toile sous les rayons de soleil peints en couleurs oranges-jaunâtres et du bordeaux.  A l’inauguration c’est Georges Cziffra qui a donné un récital, et Hanna Kürthy y avait son exposition introduite par les paroles du premier ministre Raymond Barre. Entre les dessins de Hanna voici celui qui nous ramène à Cziffra enfant, jouant au piano à l’âge de quatre ans au Cirque.  Senlis – dans la proximité de Paris a joué un rôle important dans la vie de l’artiste, et c’est là qu’elle se maria avec son futur mari français  Jean François et continue à vivre durant de longues années, c’est là que son fils Matthieu est né – puis quelques années plus tard naîtra sa fille Marie - toujours de cette union – en Californie où ils ont continué à vivre.

Elle exprime des sentiments humains de façon admirable envers les enfants. Elle a dessiné durant de longues années pour une revue destinée aux enfants puis a édité ses dessins avec la formation musicale de Péter  Huzella qui a mis en musique des comptines et poèmes folkloriques pour enfants, recueillis par Sándor Kiss. Il est vrai que dès son enfance de grands maîtres comme Károly Lyka et István Csók ou même Kassák l’ont vu dessiner et ont beaucoup apprécié son talent. Elle s’est épanouie dans ses dessins dernièrement dans une belle série sur l’amour illustrant la Cantique des Cantiques, racontant l’histoire du roi Salomon dans une nouvelle édition traduite par István Gábor Benedek.

Elle a toujours aimé le soleil, le mouvement et la danse. Elle trouve que le soleil fait vibrer l’air et donne un mouvement au paysage – et cela se passe toujours autrement.  En témoignent ses nouveaux dessins esquissés lors de ses fréquents séjours en Suisse romande chez sa fille Marie et son fils Matthieu. Elle a découvert un cèdre très grand et solitaire pas loin de leur maison qu’elle a aussitôt dessiné. Elle contemple la vue sur le lac Léman, que les rayons de soleil traversent, tandis qu’au large d’immenses montagnes se perdent dans les nuages, puis les sommets percent des nuages.

Mais elle aime autant la vue depuis son appartement-atelier à Buda donnant tout autour sur les collines ensoleillées de Budafok jusqu’à Sasad.

La musique, la danse sont autant d’éléments, sources d’inspirations importantes de son art. A New- York dans les clubs de jazz elle a fait des esquisses: à un moment elle a dessiné des musiciens de jazz: le pianiste, le chanteur, le contrebassiste et le saxo – les musiciens ont tout de suite demandé et on le retrouve agrandi aujourd’hui dans un appartement New-Yorkais.  Mais les cafés parisiens sont à redécouvrir sur ses toiles, d’autant plus qu’elle a commencé une nouvelle série dédiée au cafés parisiens. C’est le mouvement qui est important aussi dans ses dessins représentant les chevaux, comme Pégase, le cheval ailé et libre, créateur de la source des muses – s’inspirant de ses années passées en Grèce – et puis  le cheval blanc que nous retrouvons agrandi sur le mur du Café Szamos à Budapest vole sans aile – ce que Gabriella Szamos très ingénieusement a découvert pour son Café.  Ce cheval sort tout droit des légendes  millénaires de la prise du pays des Magyars.  C’est ce que Anne de Montille a vu dans son art : „Loin de tout académisme, son art, tout en touches de couleurs, nous entraine dans un univers merveilleux et joyeux qui rappelle l’imaginaire des contes hongrois. Et comme toujours, derrière la féerie, c’est l’essence même de l’être humain que l’on découvre, et son éternel mystère.”   

Éva Vámos

 Photo : Csilla Katona 

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