Cinéma : la Belgique investit Uránia

Cinéma : la Belgique investit Uránia

Du 18 au 20 novembre, le cinéma Uránia accueille chaque soir à 19h00 une projection sélectionnée d’un film francophone de Belgique. Entretien avec Alice Rasson, ambassadrice culturelle et lectrice pour Wallonie Bruxelles Internationale (WBI), prof de langue et de littérature au département français d’ELTE, et organisatrice du festival.

 

JFB: Quel est l’origine de ce projet?

Alice Rasson: Le projet a été fondé en 2006 par les lecteurs WBI en Hongrie. L'objectif, depuis sa première édition, est de mettre à l'honneur des films contemporains, wallons et bruxellois, qui n'ont pas eu l'opportunité d'être diffusés en Hongrie. Après une courte interruption depuis 2012, le festival renaît de ses cendres et ce grâce, au soutien de nos partenaires : l'ambassade de Belgique en Hongrie, les cinémas Uránia (Budapest) et Belvárosi (Szeged), la bibliothèque de Veszprém, le Belgian Business club...

JFB: Comment réalisez-vous la programmation du festival ?

A.R.: Sans aucune contrainte thématique ou stylistique, les choix ont été faits intuitivement. Nous avons voulu proposer des films expérimentaux, originaux tout en gardant une dimension "belge" dans les motifs, ou encore dans le ton ou l'humour. Le cinéma belge est un cinéma protéiforme, aux multiples facettes, mais chacun des films sélectionnés a, selon moi, cette veine ‘belge’ tout en restant singulier.

Par exemple, Tokyo Anyway est un véritable laboratoire cinématographique. Cela l'inscrit dans cette dimension expérimentale du cinéma belge qui joue souvent avec les frontières entre fiction et réalité, entre fantastique et réel ou encore entre les différents genres. Nous proposons aussi, Les rayures du zèbre, qui déploie cet humour typiquement belge, à la fois décalé, noir et empreint d'autodérision.

JFB: A quel public s’adresse le festival ?

A.R.: Le public visé est large. D’une part, les francophones et francophiles de Hongrie car le réseau culturel francophone est présent et dynamique grâce aux nombreux lycées bilingues et départements de français universitaires mais aussi grâce à l’action d'institutions comme le centre interuniversitaire d'études françaises ou l’Institut Français. D'autre part, le public magyarophone et la communauté d’expat’ est aussi ciblée car les films seront diffusés en français avec sous-titres anglais et interprétation magyare en simultané via des casques audio. Le festival est donc accessible à tous !

JFB: Votre coup de cœur ?

A.R.: Le film à l’honneur : Tokyo Anyway(2015) de Camille Meynard. Une œuvre très expérimentale construite sur le mode de l’improvisation. C’est l’histoire de quatre trentenaires, chacun aux prises avec la constitution de leur identité. Leurs vies basculent du jour au lendemain en raison d'un événement inattendu et différent pour chacun. Les personnages sont le produit du travail des acteurs et d’un dialogue avec le réalisateur.

Le scénario de départ était assez brut et chaque acteur avait un secret par rapport à son personnage. Il y a une véritable spontanéité dans le jeu des acteurs, des scènes authentiques et touchantes. On pourrait ainsi parler d’un film "chorale" et collectif autour du travail d’improvisation. Je me permets pour finir de faire un clin d’œil à deux des courts-métrages de la sélection, qui, en l'espace de vingt minutes, nous font rire et pleurer : Electric Indigo de Jean-Julien Collette et Millionnaires de Stéphane Bergmans.

Propos recueillis par Pauline Mercier

Infos en + : Camille Meynard, le réalisateur, ainsi que AntojO, un des acteurs, seront présents lors de la soirée d’ouverture le 18 novembre au cinéma Uránia. Ils seront également de la partie le jeudi 19 novembre à 10h15 au Centre Interuniversitaire d’Etudes françaises (dans le complexe de ELTE, près d’Astoria: Múzeum körút 4., bâtiment F) pour un dialogue autour de leur travail. Entrée libre. 

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