Une coopération belgo-hongroise fructueuse

Une coopération belgo-hongroise fructueuse

Rencontre avec l’Ambassadeur de Belgique en Hongrie

 

M. Johan Indekeu a pris ses fonctions comme Ambassadeur de Belgique en Hongrie en septembre dernier. Il a accepté de répondre aux questions du JFB.

 

 

JFB - Pouvez-vous nous expliquer votre parcours professionnel ? Depuis quelle date exercez-vous vos fonctions en Hongrie ?

Johan Indekeu : Au cours de ma carrière diplomatique belge que j’ai débutée au début des années 90, j’ai été adjoint aux ambassades de Belgique à Vienne, Ankara, Varsovie. Après un retour au Ministère des Affaires étrangères à Bruxelles, où j’ai exercé le poste de Chef de Cabinet du Secrétaire Général du Ministère, j’ai été nommé en 2007 à Amman comme Ambassadeur de Belgique auprès du Royaume Hachémite de Jordanie et de la République d’Irak. Depuis septembre 2011, j’ai l’immense plaisir de me retrouver à Budapest pour y représenter mon pays.

 

JFB - Quels sont les liens historiques entre la Belgique et la Hongrie ?

J.I. : Ces liens remontent au Moyen Age ; des Wallons sont venus s’installer sur les terres fertiles de la Hongrie. Nous sommes également liés par le fait que nous ayons été gouvernés tous deux par la maison de Habsbourg ; Marie de Hongrie, nommée gouverneur des Pays-Bas, fut très appréciée dans l’exercice de son mandat à Bruxelles. En 1848, beaucoup de Hongrois trouvèrent refuge en Belgique, tandis que l’industrie belge se développa en Hongrie avant la première guerre mondiale (le palais de Gödöllô appartint par exemple pendant un moment à une banque belge, mais les capitaux belges jouèrent aussi un rôle majeur dans le secteur de la sidérurgie et du réseau ferré hongrois). Pendant la première guerre mondiale, la population hongroise envoya des vivres pour aider les plus démunis en Belgique. En 1956, la Belgique accueilla à nouveau des nombreux réfugiés. Les relations bilatérales se sont intensifiées depuis l’adhésion de la Hongrie à l’Union européenne tels qu’en témoignent les nombreuses visites à haut niveau et l’implication des investisseurs belges dans l’économie hongroise. A cela s’est ajoutée une très bonne et fructueuse collaboration entre nos deux pays et administrations à tous les niveaux lors de nos présidences successives de l’Union européenne.

 

JFB - Quelle est l’importance de la présence belge en Hongrie ?

J.I.: Bien qu’il n’y ait pas d’obligation d’inscription à l’Ambassade, nous recensons quand-même 700 Belges en Hongrie, le nombre total dépassant probablement ce chiffre. Au niveau culturel, les gouvernements régionaux (Flandres, Wallonie et Communauté française de Belgique, Bruxelles-Capitale) ont conclu il y a plus de 10 ans des accords de coopération permettant entre autres la présentation d’artistes en Hongrie (très récente exposition du peintre Luc Tuymans à Budapest) ou encore le financement des activités des lecteurs de Français et de Néerlandais dans plusieurs universités ou écoles bilingues en Hongrie. Les investissements belges dépassent 2% du total des investissements étrangers en Hongrie ; ils sont très diversifiés et vont du secteur bancaire & assurance à la production, l’agro-alimentaire, la distribution, l’énergie, etc...

 

JFB - Comment fait-on pour gérer une Ambassade quand on n’a plus de gouvernement national ? Quel a été concrètement l’impact sur votre activité de cette période de crise politique en Belgique ?

J.I. : Il est incorrect de croire que la Belgique n’est plus gouvernée puisque le gouvernement fédéral est démissionnaire. Jusqu’au moment de la formation d’un nouveau gouvernement, il reste chargé des affaires courantes. Ce concept n’a pas empêché la mise en oeuvre de mesures rendues nécessaires par la crise de la zone Euro qui a eu un impact sur l’économie belge et son cadre budgétaire. De leur côté, les gouvernements régionaux, qui ont des compétences exclusives dans des matières comme par exemple l’éducation et la culture, sont restés en pleine fonction. Et n’oublions pas que nos différents partis politiques se rejoignent sur les questions les plus importantes de la politique étrangère et européenne de notre pays. Son savoir-faire et son efficacité administrative ont contribué au grand succès de la présidence belge de l’Union européenne dans la deuxième moitié de 2010.

 

JFB : Quel est l’impact de la structure fédérale belge sur votre activité diplomatique ?

J.I.: Cela demande des efforts d’explication à l’extérieur et de coordination en interne. Mais, au final, cela augmente les possibilités de coopération entre différentes instances dans les deux pays sur un échantillon important de domaines avec un transfert de compétences impressionnant à tous les niveaux appropriés.

 

JFB - Le pouvoir hongrois met en difficulté bon nombre d’entreprises étrangères et freine leur développement. En tant que représentant des intérêts économiques belges, comment reagissez-vous ?

J.I.: Avec mes collègues de l’Ambassade, nous restons évidemment vigilants au climat politique et économique local. Dès que nous remarquons un danger potentiel ou que nous sommes approchés par un investisseur susceptible d’être victime de discrimination, nous nous concertons avec les autorités locales appropriées pour clarifier le problème et suggérer éventuellement des solutions pratiquées en Belgique.

 

JFB : Apprenez-vous le hongrois ? Quel est le premier mot hongrois que vous avez appris ?

J.I. : « köszönöm », un mot important et utile. Je m’apprête à apprendre le Hongrois pour arriver à un certain niveau de compréhension de la langue. Je dois avouer qu’en parlant les 3 langues nationales en Belgique (le Néerlandais, le Français et l’Allemand) et ayant appris l’Anglais, le Turque, le Polonais et l’Arabe élémentaire, il est décourageant de devoir constater qu’il n’y a que très peu de mots dans toutes ces langues qui m’aident à comprendre la langue Hongroise.

 

JFB : Quels sont pour vous les différents attraits de la Hongrie ?

J.I.: Sa culture (musicale, architecturale & iconographique), son histoire, ses paysages et bien sûr son peuple.

 

JFB : Le 15 novembre est un jour de célébration du Roi en Belgique. Qu’est-ce que cela représente pour les Belges ?

J.I. : En contradiction avec la fête nationale, fêtée tous les 21 juillets, la Fête du Roi est une fête plus intime. Traditionnellement, les ambassades belges rassemblent les belges dans la juridiction pour leur donner l’occasion de se rencontrer ; cela est un geste fort apprécié puisque les Belges sont généralement bien intégrés dans la communauté locale ou dans les différentes communautés d’expatriés. Pour mon épouse et moi, ce premier 15 novembre à Budapest sera donc une bonne occasion pour rencontrer bon nombre de belges installés depuis longtemps en Hongrie.

 

Gwenaëlle Thomas

 

Catégorie