Le retour aux sources de Kelemen Mikes

Le retour aux sources de Kelemen Mikes

Livre

 

Lettres de Turquie

Un livre précieux de la littérature hongroise vient de sortir à Paris. On y retrouve l’ambiance galante des salons du 17ème et 18ème siècle, avec des récits inspirés par Madame de Gomez. Mais Les lettres de Turquie vont bien au-delà de la préciosité et présentent de manière plus générale le contexte européen.

 

 

Les lettres de Turquies est un roman captivant et attachant car il est l’expression directe du vécu et du talent de Kelemen Mikes. C’est lors de son exilen Turquie qu’il a écrit ce livre. Des Lettres Persanes en quelques sortes, mais à l’inverse, car l’Orient apparaît ici à travers les expériences personnelles de l’écrivain. Il y a plusieurs lectures possibles de ce roman épistolaire, mais le plaisir de lire reste intact tout au long de ce roman – son adaptation française reprend un langage soutenu, mais dépourvu de tout archaïsme – comme ses traducteurs Krisztina Kalo et Thierry Fouilleul l’ont expliqué.

Mikes était le chambellan du prince François II Rákóczi, il lui reste fidèle jusqu’à la fin de sa vie , l’accompagne dans son exil d’abord à Paris pour plusieurs années, puis dans l’Empire Ottoman. Dans un certain sens, il fut un héros tragique – qui dut comprendre que plus jamais il ne reverra sa terre natale. Son livre ne fut pas publié de son vivant. Il s’est retiré du monde mais a vécu dans l’univers riche de son oeuvre douloureuse et nostalgique – mais aussi pleine d’humour dans sa description de la condition féminine ou du calendrier du vieillard d’après un conte de La Fontaine. Les anecdotes et récits évoquent souvent sa terre natale, la Transylvanie. Sa bien-aimée vient aussi de là-bas. Ses lettres s’adressent à sa douce cousine imaginaire. Des motifs de l’antiquité et du folklore international apparaissent dans son roman. C’est une oeuvre encyclopédique qui « marque une étape importante dans la littérature hongroise et dans les liens qui l’unissent au patrimoine européen » - souligne son éditeur français. 

Le livre est présenté à la fois à Paris, à Bordeaux et à Budapest dans le cadre de colloques internationaux de grande envergure.

Il y a maintenant 250 ans que Kelemen Mikes est décédé. Et pour commémorer cet anniversaire en Hongrie, le professeur Gábor Tüskés, directeur de la publication des Lettres de Turquie, a organisé un colloque avec ses collègues de l’Académie des Sciences et avec l’Ecole Normale Supérieure Károly Eszterházy de Eger. Le colloque auquel se sont greffées des expositions et présentation de publications, fut un vrai succès grâce aux éminents conférenciers venus de toute l’Europe .

A Bordeaux, le professeur François Cadilhon de l’Université de Bordeaux 3 a également monté un colloque international sur le thème de la correspondance où les meilleurs chercheurs hongrois ont pu présenter l’oeuvre de Mikes et le genre épistolaire. Ce colloque qui porte le nom de «correspondance et construction des identités en Europe centrale» donne l’image d’une coopération universitaire exemplaire en cette année 2011, aussi marquée par les présidences successives de l’UE par la Hongrie et la Pologne.



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Éva Vámos

 

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