Bilan Santé

Bilan Santé

L'article 152 du traité CE prévoit qu'un «niveau élevé de protection de la santé humaine est assuré dans la définition et la mise en oeuvre de toutes les politiques et actions de la Communauté». A l’heure où, même en France, les problèmes se sont aggravés tant en ce qui concerne les possibilités d’accueil des patients qu’en termes de qualité des soins qui leur sont administrés, cette affirmation à encore tout du voeu pieu à l’échelle de l’Union.

 

 

Évidemment, si les citoyens européens, enfin, ceux qui en ont les moyens acceptaient d’acheter cinq fruits et légumes par jour, comme leurs gouvernements leur demandent, tout irait mieux, au moins pour la PAC.

En Hongrie, viennent se rajouter d’autres problématiques tant en amont qu’en aval, voici un petit tour d’horizon d’un casse-tête qui ne semble pas prêt d’être résolu.

Depuis les deux derniers élargissements de l’Union européenne, la notion d’Europe de la Santé recouvre une grande  variété de réalités de la plus sordide à la plus futuriste.

Cette diversité se retrouve aussi au niveau national en fonction des sommes que les patients peuvent allouer à leur budget Santé et en fonction de leurs conditions de vie.

 Le dilemme est partout le même : soit, assurer la maîtrise des coûts au détriment de la qualité des soins, soit, à l'inverse, imposer la qualité des soins au détriment de l'équilibre budgétaire. La mise à disposition des soins est une prérogative chère aux Etats et dans l’Union actuelle, la tendance serait plutôt à la création d’une médecine a minima compte tenu de l’explosion des coûts.

L’institution dans les pays les plus riches de nouveaux systèmes de rationalisation de la gestion hospitalière a tendance à pousser les malades au tourisme médical, en Hongrie pour les soins dentaires, en Thaïlande pour la chirurgie esthétique.

L’année 2013, marquera la fin du plan d’action européen théoriquement en cours en matière de Santé, une  stratégie qui a été mise au point en octobre 2007 et révisée au coup par coup selon les obstacles qui se sont présentés. Certains progrès ont été obtenus d’une manière générale, par exemple, contre les fléaux que sont l’alcoolisme et le tabagisme, sur la nécessité d’informer et de mettre l’accent sur la prévention. Plus votre cancer évolue, plus il coûte cher à l’État et plus il vous coûtera cher à vous si vous habitez en Hongrie. Des structures ont été mises en  place pour mieux gérer la coopération entre les Etats membres en ce qui concerne les alertes en matière de pandémies, et les transplantations d’organes mais du côté de la « plus grande harmonisation des politiques de santé », pour offrir à tous les citoyens de l’Union  « des services de santé sûrs, de qualité et performants », c’est plutôt raté.

La carte européenne de Santé fonctionne plutôt bien, du moins, dans sa dimension de justificatif d’assurance maladie fonctionnant dans les cas d’urgence. Le dossier médical européen en est toujours à ses premiers balbutiements.

En Hongrie, les tentatives de réformes ne se sont pas toutes totalement soldées par des échecs complets.

La jeune génération, celle qui a prêté serment de ne pas toucher de parasolvencia (paiement en liquide parfaitement illégal et non déclaré) souffre de plus de problèmes financiers mais nombreux sont ceux qui sont fermement décidés à subir leur situation plutôt que de demander de l’argent à des gens qui n’en n’ont souvent pas. De ce côté-là, les choses vont en s’améliorant même si la pratique reste courante et prend parfois les proportions d’un chantage aux soins.

Le gouvernement veut privilégier l’efficacité et la mobilité et lutter contre l’exil des médecins vers des pays qui payent entre cinq et dix fois plus. Pourtant, l’exil temporaire est aussi source de formation en technologies nouvelles voire inconnues dans le pays. Le coût initial pour le pays pourrait donc être rentabilisé. Le problème est que le pays manque déjà cruellement de personnel de Santé.

La mobilité est un véritable problème dans tous les secteurs de l’économie hongroise mais se ressent douloureusement dans le secteur médical. Dans les zones rurales les médecins doivent être partout à la fois et sont épuisés par le travail supplémentaire qu’ils doivent effectuer faute d’effectifs appropriés. La profession de médecin attire de moins en moins de jeunes car les études sont longues et dures, et les salaires peu motivants. Un médecin gagnant moins qu’un team leader travaillant dans une multinationale avec quatre ans d’école de commerce à son actif.

L’efficacité est l’objectif prioritaire du ministère de la santé hongrois. Éviter les doublons dans les grandes structures, mieux répartir les budgets, simplifier les procédures. Les ressources manquent et la Hongrie recherche des ressources supplémentaires et des partenariats internationaux. Augmenter le taux de vaccination qui est faible, même si d’excellents programmes ont été mis en place, car un préjugé fort contre la vaccination existe encore dans ce pays.

Plusieurs débats sont en cours ou en voie de commencer sur les mesures à prendre dans le domaine de la Santé. Sur le plan de la réorganisation administrative, les personnels résistent au changement tout en réclamant celui-ci. Budgétairement, le gouvernement n’a aucune chance de pouvoir des hôpitaux neufs, du matériel de haute technologie et de multiplier les salaires par 2. Dans les petites villes, les besoins en matériel sont pourtant urgents.

Un autre débat est celui qui concerne le remboursement des médicaments. Considérant, les problèmes cardio-vasculaires, les cancers et les diabètes qui sont en proportion assez élevés dans la population hongroise, principalement du fait de l’alimentation et de l’absence d’exercice physique dans la couche des plus de 50 ans et vu la faiblesse de moyens financiers des ménages en général, chaque décision de classement d’un médicament pose problème.

Comme la recherche est essentiellement financée par le privé, avec une très forte présence des sociétés françaises dans ce financement, soulignons-le, certains antagonismes se créent alors qu’ils n’auraient pas lieu d’être. La solution à long terme passe par la prévention et n’aura de résultats qu’à très long terme, en attendant, il faudrait plus de soutien de la part de l’Union européenne et plus de bus Colgate. 

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