Attila Marcel : un homme, un vrai

Attila Marcel : un homme, un vrai

Considérant le seul fait que c’est un nom d’homme hongrois et en évitant de se lancer dans une longue analyse historique du nom Attila, ce titre correspond bien à notre sujet : les hommes hongrois, cultivent un aspect très brut de brut. Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas d’agressivité mais plutôt d’une marque de fabrique.

 

 

En fait, en regardant les hommes hongrois, j’ai l’impression qu’ils ont été soumis à une machine à habiller les hommes.  Cette idée me vient probablement de l’équipe du Grand Répertoire qui a construit des machines de spectacle géniales: la machine à applaudir, la machine à soulever les robes…

La machine à habiller les hommes aurait donc six tiroirs, un pour chaque pièce produite : dont 2 pour les sous-vêtements, un pour le haut, un pour le pantalon, un pour les chaussettes et puis les chaussures, et chaque pièce serait placée l’une sur l’autre  sans aucune considération esthétique.

Lorsque l’on questionne les hommes eux-mêmes sur leurs habitudes vestimentaires, ils refusent officiellement totalement d’acheter quoi que ce soit au marché chinois, tout comme les femmes l’affirment elles-mêmes d’ailleurs.

Ils préfèrent les centres commerciaux avec un grand choix de magasins. Pour les intellos c’est le costume qu’ils achètent le moins souvent,  beaucoup ne le mentionnent même pas. Les sous-vêtements sont aussi a la fin de leur liste mais il y a des exceptions. Le leader est  le jean, et pour le haut, plutôt les t-shirts et polos que les chemises, qui viennent juste après. Le manteau, qui est important mais plutôt comme une protection contre le froid. Pas de gilet, de pull, de blouson ou surtout de cardigan pour les « hommes » c'est une pièce pour « des mecs qui ont plus d'inspiration féminine ».

 Les hommes-hommes portent des manteaux et des vestes. La veste est de plus en plus à la mode mais son alternative pratique et sportive semble plutôt le sweat zippé capuche.

Les femmes interrogées confirment ces jugements :

Andrea, peintre et maquilleuse, célibataire :

« Les hommes qui me plaisent ont du goût et de l’argent, si pas assez de ce dernier alors beaucoup du premier : J’ai un faible pour les extravagants chics et bohèmes.

Olivier Twist est mon genre. Chapeau, gilet, bretelles pour certaines occasions et pendant la semaine rough and tough, c’est a dire, des mecs à l’aise , T-shirt, jean ou pantalon, cheveux un peu mal coiffés et  pas de cravate ou de chemise repassée »

 

Niki,  jeune mère de famille

«  Cela m’arrive de jouer la spécialiste auprès de mes copains qui veulent acheter un pantalon ou une chemise mais ne s’y connaissent pas vraiment. Les intellectuels hétérosexuels, la plupart de mes amis, n’ont pas de style, d’autres ont un style imité ou sont métrosexuels (souvent les dirigeants d’entreprise, managers) »

 

Viktoria,  journaliste, célibataire :

« Ils n’ont pas trop de goût ou d’argent. C’est surtout valable pour les hommes de plus de  35 ans.  Les jeunes, disons entre 16 et 35 ans, sont plus conscients dans ce domaine. »

 

Gabrielle, assistante de projet, célibataire :

« Beaucoup n’ont aucun goût pour les vêtements. Les vieux se déguisent en jeunes, ce que je n’aime pas du tout. J’apprécie mieux les Italiens qui, eux, savent s’habiller. »

 

Sont-elles trop dures, ces jeunes femmes ? Évidemment, ces femmes pensent en majorité à des hommes avec qui elles auraient éventuellement un rendez-vous. En fait si elles voient un homme qui est a leur avis bien habillé, á la mode, ayant bon goût, elles le suspectent d’être « au moins » métrosexuel, Du moins, s’il est Hongrois.

Créé en 1994, et désignant les citadins avec un fort souci de leur apparence, ce terme ne s’applique plus seulement qu’aux hommes au style raffiné qui vivent dans la capitale mais aussi a ceux qui vivent hors de la cité. Un métrosexuel étant en Hongrie un « mec  soigné », un peu féminin, á la mode, ayant bon goût correspondant moins au cliché de l’homme viril en Hongrie  qu’en France ou en Suède.

Bavardant avec un métrosexuel, qui porte un polo a manches courtes de couleur vert  citron, je sens un léger dédain a l’égard des rétrosexuels, il  m’en présente un véritable petite exposé, j’en tire la conclusion que son apparence compte vraiment beaucoup pour lui.

La virilité en Hongrie est beaucoup plus « brut », c’est un peu à l’inverse de la situation du champagne français et du mousseux hongrois.

Pour avoir un panorama complet, je visite un autre cercle où des hommes donnent  rendez- vous à d’autres hommes. Ils s'achètent tout: sous-vêtement, chemise, pantalon, pull, sweat, chaussures, la tenue complète témoignant du bon goût est très importante.

Ce n’est pas l'habit qui fait le moine, dit l’expression française. La version hongroise est la suivante : “Ce n’est pas l’habit qui fait l’homme”. Peut-elle servir d’explication?  Le rapport au sexe durant les quarante ans passés dans le bloc socialiste a également laissé des traces. Comme le camarade Virág le dit,  dans un film bien connu de Péter Bacsó: Le témoin, en voyant les genoux d’une  camarade, seule partie de son corps laissée libre outre le visage et les mains: « Laissons la sexualité à l'Ouest décadent. »

C. K. 

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