Cultures sans frontières... sachons élargir nos horizons!

Cultures sans frontières... sachons élargir nos horizons!

Je ne sais si c’était un vendredi, mais ce 13 février correspond à l’anniversaire de deux grands noms de notre culture: Georges Siménon (1903-1989) et Michel Gyarmathy (1908-1996). Si Georges Siménon n’a plus à être présenté, sachons que Michel Gyarmathy fut de longues années durant directeur technique et régisseur des Folies Bergère.

Une institution qui, au même titre que l’inspecteur Maigret, appartient à part entière à notre partimoine culturel. Un théâtre aujourd’hui plus que centenaire où, sous la „direction” de Gyarmathy, se produisirent des artistes tout aussi prestigieux que Joséphine Baker ou Maurice Chevalier.

D’origine hongroise, Gyarmathy est bien connu de ses compatriotes pour avoir ouvert l’accès gratuit à son théâtre à tout Hongrois de passage rue Richer. Un élan de générosité dont les exemples doivent être bien rares ! Probablement en souvenir des dures années de son arrivée à Paris où, en attendant d’être embauché, le jeune Gyarmathy avait dû tirer le diable par la queue, vivotant tant bien que mal de la vente de ses dessins et affiches...

Mais si ces deux noms nous viennent à l’esprit, c’est, au-delà du patrimoine qu’ils représentent, pour une autre raison: de ces deux ambassadeurs de notre culture, l’un fut Belge, l’autre Hongrois. Pour ne nous en tenir qu’à ces deux seuls pays, citons Hergé, Jacques Brel, Arthur Grumiaux, Gossec, et tant d’autres. pour nos voisins belges; György Cziffra, Victor Vasarely, Robert Capa et tout autant d’autres noms prestigieux pour nos amis hongrois.

La leçon à en retenir: en cette époque un peu folle où certains prônent le retour à une société refermée sur elle-même, n’oublions pas que la culture d’un peuple, d’une nation, doit tout autant à ses „natifs” qu’aux apports extérieurs.

Un appport qui dépasse largement les limites de notre continent ou de notre monde occidental (cf. nos écrivains d’origine américaine), mais va bien au-delà. Un exemple qui nous vient immédiatement à l’esprit: le poète et homme d’État Léopold Ségar Senghor, normalien, membre de l’Académie française, qui fut président du Sénégal. Ou encore, cet autre ancien président du Sénégal, Abdou Diouf, qui fut Secrétaire général de la Francophonie.

Un constat qui ne vaut pas seulement pour la France, mais aussi pour des pays a priori plus resserrés autour de leurs origines, telle la Hongrie. Et pourtant... Le plus célèbre poète hongrois, l’un des chantres les plus enflammés de la Hongrie pour laquelle il donna sa vie, Sándor Petőfi, était né de parents slovaques: Štefan Petrovič et Mária Hrúzová.

A cet égard, le monde des arts, notamment la musique, nous offre un bel exemple de « non chauvinisme ». Quand je consulte la composition de nos orchestres nationaux, je suis frappé d’y trouver la plupart du temps une foule de noms venus d’Asie ou d’Europe centrale. Un exemple édifiant entre mille autres : la pianiste Lili Kraus, née à Budapest, citoyenne britannique décédée en Caroline du Nord et descendante d’un artisan...tchèque ! Sans parler de cet autre „natif hongrois”, Ferenc alias „Franz” Liszt, qui, s’il nous laissa, certes, ses fameuses rhapsodies et une fantaisie hongroise, voire des oratorios et messes inspirés par le contexte local, n’en fut pas moins un grand Européen avant l’heure, coqueluche des salons parisiens, qui s’exprimait plus aisément en français et en allemand que dans sa langue maternelle. . Sans parler, pour nous en tenir au contexte hongrois, des peintres, écrivains et poètes que nous ne citerons pas, car bien connus, presque plus „parisiens” que vous et moi...

Une pensée donc, en cet anniversaire de deux d’entre eux, pour toutes celles et tous ceux qui, au-delà de leur naissance, ont contribué à enrichir notre culture et nous ont donné l’exemple d’une dépassement de leurs origines, sans pour autant les renier.

Par les temps qui courent, voilà qui peut donner à réfléchir…

Pierre Waline

Catégorie