Une passerelle à travers l’Europe: un Anglais au service de l’amitié franco-hongroise

Une passerelle à travers l’Europe: un Anglais au service de l’amitié franco-hongroise

Le Petit ramoneur de Britten au lycée français de Budapest

Il était une fois un petit garçon, Sam, 8 ans, que ses parents, plongés dans la misère, envoyèrent travailler auprès de deux ramoneurs sans scrupule. Un jour, le petit Sam fut contraint par ses patrons de se hisser à l’intérieur d’une cheminée étroite pour bien en gratter les parois. Mais voilà que le jeune appenti se trouva désespérément coincé dans le conduit. Grâce à Dieu, les enfants du logis, s’apercevant de l’incident, tirèrent Sam de ce mauvais pas et le cachèrent dans la maison, le libérant ainsi de ses bourreaux.

 

On aura ici reconnu l’histoire du Petit ramoneur, opéra pour enfants de Benjamin Britten. Telle est l’oeuvre qui fut choisie pour présenter l’ouverture de la nouvelle saison du Festival „Bridging Europe” (L’Europe des passerelles) dont la France sera le nouveau pays partenaire.

Le choix du lieu: le lycée français Gustave Eiffel de Budapest. Avec une équipe composée de jeunes, voire très jeunes, chanteurs et acteurs; l’accompagnement musical étant assuré par l’ensemble de chambre de l’Orchestre du Festival de Budapest (Budapesti Fesztiválzenekar).

Instauré voici 3 ans par le chef Iván Fischer en liaison avec le Palais des Arts de Budapest (Müpa), ce festival, qui vise à jeter un pont entre les différentes nations de l’Europe, a pour but de créer entre elles, à travers la musique, les liens „d’une famille basée sur l’amour et le respect mutuel”, „la force de la culture européenne reposant sur l’interaction entre les nations qui la peuplent, chacun devant aller au devant de l’autre pour instaurer un dialogue propre à créer une mentalité collective”. Après nos amis tchèques, allemands et autrichiens, c’est donc la France qui va en être, pour l’année 2016 , le nouveau pays partenaire.

Représentation dont le public nombreux était en majorité composé de très jeunes élèves du lycée qui, de toute évidence, apprécièrent le spectacle. Un spectacle festif auquel ils furent d’ailleurs étroitement associés, devant par moments joindre leurs voix à celles des chanteurs. Une occasion pour les organisateurs de leur rappeler la leçon que Britten avait voulu nous donner par ce petit - et si charmant - opéra: comme le petit ramoneur sauvé par les enfants du logis, nous devons tous, quelle que soit la langue qu’ils parlent ou la couleur de leur peau, nous montrer solidaires des enfants en détresse de par le monde pour les tirer de leur misère, voire les accueillir. Un message fort, habilement transmis à travers cette histoire simple, mais combien touchante, et rappelé en termes tout aussi simples par le metteur en scène et l’équipe du lycée.

Un équipe qui en profita également pour présenter aux enfants une charte des droits et devoirs de l’enfant.- d’une actualité brulante.

Un grand coup de chapeau, non seulement aux organisateurs, aux musiciens et à leur chef (Gergely Dubóczky) qui se sont volontiers prêtés - et avec quel talent! - au spectacle, mais aussi et surtout aux acteurs. A commencer par le tout jeune ramoneur (8 ans à peine), parfaitement sûr de lui et à l’aise dans son rôle. Je lui prévois un bel avenir! Egalement excellents, les adultes qui entouraient les enfants. Une mention particulière au metteur-en-scène (György Philipp) qui truffa le spectacle de trouvailles cocasses, comme ce délicieux mélange des langues (anglais, hongrois et français) dans l’adaptation du texte. Le tout parfaitement compréhensible et facile à suivre.

Un grand merci, donc, aux initiateurs du spectacle haut en couleurs et riche d’enseignement (1). Et merci aussi à vous, Iván Fischer (2), pour cette initiative de dialogue que vous nous offrez entre les nations qui peuplent l’Europe.

Par les temps qui courent, voilà qui n’est pas de trop...

Pierre Waline

(1): opéra également donné le 29 septembre à l’Académie de musique de Budapest.

(2): co-fondateur et chef de l’Orchestre du Festival.

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