Un réceptacle pour déçus

Un réceptacle pour déçus

Sondages favorables pour le Jobbik

La politique hongroise actuelle se montre des plus confuses dans un contexte européen tendu. Cela donne libre champ à une extrême droite vivace, rappelant des comportements des années 1940.

Le Jobbik trouve aujourd'hui des citoyens de plus en plus perméables à ses discours radicaux, nationalistes et anti-européens. Un sondage récent révèle la montée en puissance de ce parti extrémiste.

 

 

Lors d’un sondage effectué au mois de février par Medián et publié dans le magazine hongrois HVG, 24% des personnes questionnées déclaraient souhaiter donner leur voix au parti d’extrême droite, en l’occurrence le Jobbik (dont le nom signifie « plus à droite » et « le meilleur »), en cas d'élections. Non seulement le résultat est élevé, mais en outre il dépasse celui du MSZP (parti socialiste), qui recueille seulement 22% des voix des sondés.

Et pourtant ce parti est un jeune parti puisqu'il a été créé en 2003. Il n’obtenait alors que 2% des suffrages. Les résultats de ce dernier sondage poussent cependant à réfléchir sur les raisons de cette courbe ascendante dont jouit le Jobbik. Pendant la crise politique de 2006, ce parti a pu jouer un rôle important. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé pour une « Hongrie nationale », avec des bagarres de rue à la clé, l'utilisation de tanks, l'occupation de la télévision nationale. Malheureusement, beaucoup de hongrois considèrent le Jobbik comme une force d'opposition crédible. Il se fait passer pour un parti « anticapitaliste » en utilisant aussi en permanence la rhétorique antisémite et aussi anti-Rom, mais il n'a pas d'idéologie fixe. Il utilise un terrain où n'ose se glisser le Fidesz. Sa garde nationale, troupe paramilitaire créée en 2007, sème la terreur dans certaines régions en jouant le rôle de « police auxiliaire » et chasse les Roms des villages plus isolés. Ce que prône Gábor Vona, actuellement à la tête de ce parti, à savoir une culture nationale forte, pour lutter contre la décadence occidentale et européenne, séduit de plus en plus toutes les couches de la population. En effet, d'après les résultats du sondage de Medián, le soutien affiché à ce parti est croissant alors que le Fidesz voit sa popularité baisser progressivement, avec 44% d'intentions de vote. Ce sondage, dont les résultats ont été contestés, marque en toute évidence la déception de la population dans un contexte de crise aigu : 3 hongrois sur 4 estiment que le pays a pris un mauvais chemin. Mais ce phénomène de radicalisation et de développement des extrémismes est paneuropéen, même s'il est davantage marqué aujourd'hui dans les pays de l'ancien Bloc de l'Est.

Hamid Hammad

 

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