Les échecs: “ Un jeu magnifique qui fait partie de l’Histoire de l’Humanité”

Les échecs: “ Un jeu magnifique qui fait partie de l’Histoire de l’Humanité”


Rencontre avec Péter Hardicsay

 

Le jeu d’échecs est certainement l’un des jeux les plus anciens et l’un des plus connu. Ce sport demande réflexions et intuition. Nous avons rencontré le maître international Péter Hardicsay de retour d’une compétition internationale d’Italie.

JFB : A quel âge avez-vous commencé à jouer aux échecs ? Comment ce jeu est-il devenu une passion pour vous ?

P. H. : C’est à l’âge de six ans que j’ai découvert ce jeu pour la première fois. Mon grand-père et mon père m’y ont initié et c’est à quinze ans que je suis parti faire des compétitions. J’ai toujours considéré les échecs comme une distraction. En même temps je le prends très au sérieux, particulièrement depuis que je fais des recherches à ce sujet.

Juste avant mes 20 ans j’ai remporté une compétition nationale dans la catégorie U20.  J’ai pris conscience “d’être” un joueur d’échecs seulement à partir de 1993. Depuis c’est comme cela que je me définis et que j’essaye constamment de progresser.

 

JFB : Quand êtes-vous devenu un “Maître International” ? Qu’est-ce que cela a signifié pour vous ?

P. H. : “Maître International” (International Master, IM) est la deuxième plus haute qualification dans les échecs. Je l’ai obtenu en 1986 et cela a signifié que j’étais à présent reconnu internationalement.  

 

 

JFB : Quelles sont les qualités nécessaires pour devenir un bon joueur d’échecs ?

P. H. : Il faut une excellente mémoire, une capacité à résoudre vite et efficacement les problèmes. Il faut aussi être rationnel, capable de travailler en équipe, heuristique et créatif. Il y a aussi cet esprit d’intuition qu’il est important d’avoir. Je conseillerais à chaque personne d’apprendre la base de ce jeu magnifique qui fait partie de la culture de l’Humanité.

 

JFB : J’ai cru comprendre qu’il existait différents types de styles de jeu, certains joueurs attaquent beaucoup, d’autres sont plus patients…Quel est votre style de jeu ?

P. H. : Je suis capable d’être patient et d’en une posture plus défensive. Mais je préfère néanmoins attaquer. Lorsque je joue une partie d’échecs, je garde mon sang-froid pour prendre les meilleures décisions.

 

JFB : Comment jugez-vous le niveau actuel des meilleurs joueurs au monde comme Carlsen ou Nakamura en comparaison des Fisher ou Spassky ? Le niveau a-t-il augmenté ? Que pensez-vous de la place prise par les technologies ?

P. H. : Le plus grand champion de tous les temps était Aljechin. Je dirai que le champion du monde actuel, Carlsen, est meilleur que ne l’était Fisher. Chacun aujourd’hui, parmi les joueurs professionnels, utilise les programmes informatiques pour progresser. Je pense néanmoins qu’un bon joueur, avec de l’intuition peut sortir vainqueur d’un match avec un programme. Les joueurs tels que Fisher ou Aljechin seraient meilleurs qu’ils ne l’étaient à l’époque grâce à cette technologie et la technologie serait elle-même rendue meilleure par des joueurs comme eux. Fisher a réussi à battre Spassky parce qu’il s’était entraîné sur des analyses russes. Nakamura a cessé de progresser. Il me semble que celui qui dispose de plus de chances pour battre Carlsen est Caruana. On peut compter sur les Asiatiques dans l’avenir car ils enseignent différentes méthodes là-bas.

JFB : En parlant des technologies, pensez-vous qu’un jour un programme informatique sera en mesure de jouer un “jeu parfait” avec les meilleures combinaisons possibles quand bien même il existe des milliards de possibilités ?

P. H. : L’ordinateur calcule plus vite mais selon l’intuition de l’Homme, celui-ci peut gagner, l’ordinateur n’en est pas capable. L’Homme doit faire évoluer les positions de ses pièces, et là il s’agit d’une tâche de maître pour les pédagogues.

 

JFB : Existe-t-il une école hongroise pour les échecs ? Comment s’en sortent les Hongrois dans le monde ?

P. H. : Je crois qu’actuellement on a trop tendance à jouer pour soi et pas assez pour l’équipe. En individuel ce sont Rapport et Lékó, que l’on surnomme ‘dragon’, qui sont les plus forts.

Rapport est plus jeune et a des chances de devenir quelqu’un de reconnu. Il vit à Belgrade. Malheureusement le gouvernement ne vient pas assez en aide avec les fédérations hongroises d’échecs. Pourtant cela pourrait être une partie importante de la culture et serait bénéfique pour la société. Pour cela il y a l’exemple de l’Inde et de la Chine.


François Lalande

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