La situation regrettable des professeurs

La situation regrettable des professeurs

Dans le cadre de la transformation du système actuel hongrois de l’enseignement supérieur au «système de Bologne» (qui tend à faire converger les systèmes d’enseignements supérieurs d’ici à 2010 en Europe), la formation des instituteurs et des professeurs en Hongrie est bâtie sur de nouvelles bases. Toutefois, à l’heure actuelle, on peut douter de l’utilité et l’aspect «pratique» de la formation des futurs professeurs.

 

 

 

 

 

 

(Dessin de Dorota Zbikowska)

 

En Hongrie, le métier de professeur n’a plus son prestige d’antan. Sans tenir compte de la personnalité des professeurs et celle des élèves, ce sont la politique de l’éducation et la formation universitaire des pédagogues qui sont les principaux responsables de cette situation. Du moins en apparence.

Dans les années qui ont suivi le changement de régime politique en Hongrie, il existait déjà une formation universitaire spéciale de trois ans pour les professeurs qui exerçaient déjà car il y avait un besoin de «réformer» rapidement les professeurs de russe en professeurs d’anglais ou d’allemand. Ce programme n’a pas duré longtemps en raison de son inefficacité. Aujourd’hui, toutefois, ce concept va, semble-t-il, être en partie rétabli. En effet, la formation des pédagogues durera 5 ans, et sera désormais découpée en deux phases. Après trois années générales passées à l’université (ce qui leur vaudra un diplôme de Bsc/BA), les étudiants auront la possibilité de continuer leurs études pendant deux ans afin d’obtenir soit un diplôme appelé «master» dans leur domaine respectif, soit, et c’est ce qui nous importe ici, une agrégation qui permettra d’enseigner dans les éta-blissements secondaires. Grâce au temps relativement long et au travail sérieux que ces études imposeront à ces étudiants, les experts espèrent que ceux qui parviendront à suivre le cursus jusqu’au bout auront accumulé assez de pratique pour enseigner et, ce qui manque peut-être le plus de nos jours, auront la vocation pour l’enseignement. Outre ces facteurs, il est clair que pour devenir un bon professeur, il est nécessaire d’être cultivé et bien informé. Or, le nouveau programme en fait un point d’honneur. Bien entendu, tous les problèmes ne peuvent être résolus avec la seule force de la bonne volonté : il n’y a, en effet, aucune technique tout à fait fiable qui puisse «mesurer» l’aptitude d’un candidat à remplir sa fonction de professeur. Théoriquement, tous ceux qui terminent leurs études avec succès pourront devenir enseignants.

La réforme de la formation des enseignants est devenue inéluctable. On reproche souvent l’absence de préparation des professeurs aux situations de la vie réelle, qui est une lacune primordiale. Les exigences de ce métier ont beaucoup changé alors que la formation pédagogique n’a en rien été modifiée depuis des décennies. Les étudiants auraient besoin de plus de cours pratiques pour pouvoir réagir correctement à certains problèmes et conflits de la vie quotidienne, notamment face à la violence qui croît.

Les actes de violence envers les professeurs montrent combien ce statut n’est plus considéré avec le même respect qu’autrefois. De plus, choisir cette profession de nos jours signifie choisir une forme d’insécurité : les enseignants sont très mal payés. Ils sont souvent fatigués, surchargés, et nombre d’entre eux deviennent complètement indifférents à l’égard de leur travail et de leurs élèves. Dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest les professeurs ont un an de congé payé tous les sept ans pour supprimer l’effet «burn-out». Or cela n’existe pas en Hongrie. Malgré cette tendance, leur responsabilité est de plus en plus grande car ils doivent non seulement transmettre les valeurs d’une société qui en a de moins en moins, mais aussi assurer l’enseignement de la morale aux enfants que, pour une raison ou une autre, les parents confient aux enseignants. Et cela ne s’étudie pas à l’université.

Pour être sûr de l’efficacité de la nouvelle formation des enseignants, on a augmenté le nombre des cours obli-gatoires des pédagogues il y a deux ans, alors que les salaires sont restés très bas. Ni la société, ni l’État ne lèvent le «petit doigt» pour leur venir en aide. Malgré cette situation, il peut paraître contradictoire que la plupart des étudiants à la Faculté des Lettres et des Sciences suivent malgré cela des études pour enseigner dans le secondaire. En réalité, la plupart d’entre eux ne deviendront jamais professeurs. Et compte tenu de la situation actuelle, on peut très bien les comprendre.

Tímea Ocskai

 

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