Jusqu’ici ça va !

Jusqu’ici ça va !

Bien que le système bancaire hongrois ait bien supporté les premières conséquences de la crise des «subprimes», les fondamentaux restent inquiétants. Les diverses modélisations indiquent que même avec un scénario de base pessimiste la situation bancaire devrait rester stable dans les deux années à venir si aucune nouvelle crise ne survient. Le forint est étonnamment fort, mais les nuages s’amoncellent à l’horizon.

Selon les rapports disponibles auprès de la banque centrale de Hongrie (MNB) la situation économique n’est certes pas satisfaisante mais pas catastrophique non plus. Néanmoins, comme on a pu le constater, depuis le début du mois de juin, les divergences d’opinions entre le gouvernement et la banque centrale ne sont pas du meilleur effet. La volonté du gouvernement de réviser l’objectif de 3 % d’inflation annuelle du fait de la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires qui rend, selon le ministre des finances, Janos Veres, cet objectif impossible à atteindre, rencontre l’opposition de la MNB. La banque centrale hongroise souhaite maintenir cet objectif et a, pour ce faire, augmenté son taux de base qui est aujourd’hui de 8,5 %. Selon le gouvernement ce taux d’intérêt élevé pourrait handicaper une éventuelle amélioration de la situation économique dans le pays. La hausse des taux d’intérêt vise à lutter contre l’inflation qui est de 6,6 % actuellement et à renforcer le forint. Bien que l’objectif fixé en 2005 doive être revu cet été, le gouverneur de la banque centrale, András Simor, s’oppose à tout changement qui pourrait nuire aux efforts de la banque centrale en vue de stabiliser les prix.

Toutes les analyses indiquent que la croissance du PIB, qui n’était que de 1,7 % en 2007, devrait tomber en dessous de 1 % cette année et il est probable qu’il en ira de même l’année prochaine. Il est certain qu’un forint fort pourrait poser problème au niveau des exportations, un des rares indicateurs encore au vert.

Pour la banque centrale la lutte contre l’inflation est le meilleur garant de la croissance sur le long terme, mais le gouvernement pense plutôt qu’un retour à la croissance ne ferait pas de mal particulièrement à mi-mandat et dans une période où l’opposition atteint des sommets de popularité.

Compte tenu de la diminution des revenus réels des ménages et de la hausse du surendettement, il est difficile d’envisager autre chose qu’une baisse de la consommation. Les investisseurs étrangers sont échaudés et certains pourraient être tentés de se dégager partiellement. La réforme fiscale devient donc le seul levier possible, mais comment choisir entre les entreprises et les investisseurs d’un côté et les nécessités budgétaires de l’autre ? Comment réformer lorsque l’on n’a ni majorité au Parlement, ni soutien populaire ?

La situation du gouvernement est donc des plus difficiles, mais l’opposition ne doit pas s’attendre à ce que les choses s’arrangent miraculeusement dans le futur. La réduction des dépenses publiques ne changera rien, ni au contexte économique mondial, ni aux véritables problèmes de fonds des Hongrois : l’absence de consensus national sur les grands axes politiques et l’individualisme forcené de la population du plus riche au plus pauvre. En considérant l’Etat comme un ennemi, auquel il faut échapper en utilisant le plus de «petites portes» possible, en n’acceptant pas que tout n’est pas politique et que l’enrichissement personnel n’est pas une fin en soi, les Hongrois mettent leur futur en péril. Ce qui mobilise un pays dans la bonne direction c’est d’avoir des idéaux positifs et des valeurs éthiques qu’une large majorité partage.

Pour finir sur une note plus positive, le système bancaire hongrois est solide. D’accord, la hausse très importante des profits ces dernières années a semble-t-il empêché les restructurations qui permettraient de réduire les coûts comparativement trop élevés. Mais, même avec la dégradation graduelle des profits et l’augmentation des risques, la stabilité actuelle ne semble pas devoir être remise en cause puisque, selon les analystes, le système bancaire hongrois est en mesure d’absorber les chocs à venir.

Xavier Glangeaud

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