Le Műcsarnok ausculte les artistes hongrois

Le Műcsarnok ausculte les artistes hongrois

Le musée Műcsarnok présente jusqu’à la fin du mois d’août l’exposition «What’s Up ?», un vaste panorama de l’art contemporain hongrois, qui se décline dans onze autres lieux de Budapest pendant tout l’été, mais aussi sur internet.

 Cet été, Budapest se transforme en immense scène pour l’art contemporain, à l’initiative du musée Műcsarnok, avec son exposition «What’s up ?». Douze lieux, comme douze façons de répondre à la question-titre. Quoi de neuf dans la création contemporaine en Hongrie ? Les curieux pourront découvrir toutes ces approches complémentaires à l’Ernst Múzeum, ainsi que dans dix galeries de Budapest, dont la Gallery du Studio of Young artists, sur un site interactif et via une radio créée pour l’occasion.

Pour montrer l’exemple, le Műcsarnok a décidé d’interroger les créateurs sur les thèmes qui les travaillent, et qu’ils travaillent. Vingt artistes de générations différentes ont relevé le défi, sur des supports très différents qui, tous additionnés, donnent un aperçu enthousiasmant de la richesse de la création hongroise.

Parmi les thèmes qui préoccupent les artistes hongrois, les effets négatifs de la société de consommation apparaissent comme une constante. La première installation que l’on aperçoit en entrant est une immense croix formée par sept antennes paraboliques. L’auteur de l’œuvre, Imre Butka, s’est en effet attristé des répercutions de l’arrivée de la télévision dans son village, où le nouveau média a chamboulé le quotidien des habitants, devenus spectateurs passifs.

Critique également avec 61 News Items, pour lequel le duo Szacsva et Pál a sélectionné soixante et un extraits de journaux télévisés, représentatifs de l’année 2007. Avec toute leur subjectivité.

Le duo franco-hongrois «Société réaliste» n’a pas manqué l’invitation, avec son installation Marka qui occupe à elle seule toute une pièce du musée. Une confrontation des chemins utilisée pour la construction européenne, de Charlemagne à l’Euro. Les cartes et les objets assemblés par Ferenc Gróf et Jean-Baptiste Naudy incitent à la réflexion sur les frontières, la géopolitique et l’argent en tant qu’objet. L’inscription «East Bank», suggère un parallèle frappant entre les frontières orientales de l’Europe et le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie. Ou l’argent comme instrument de ségrégation.

Plus léger, mais pas forcément moins critique : la ligne d’équipements de sports0-satiriques ? - «Inners. The power», d’Antal Lakner. Constatant la passivité des citadins modernes, l’artiste propose une gamme d’accessoires permettant de recycler les moments d’inactivité en occasions de faire du sport. Au programme : planche à voile dans le métro, cheval d’arçon dans les escalators ou étirements en ascenseur. Absurde ?

Une grande variété de supports

La recherche esthétique n’a pas été laissée au second plan. Elle prend par moments le dessus. Dans la première pièce, non loin du crucifix géant parabolique, une étrange cabane accueille le visiteur par des bulles de savon. A l’intérieur, une sensation de vertige naît d’un jeu de lumières dans la pénombre. Le spectateur devient un élément de l’œuvre créée par l’Ambra (Association of mouth and brain painting artists of the World) qui affirme s’être constituée sur le logiciel de dialogue en ligne MSN.

C’est également le cas avec Little Warsaw is dead, du collectif Little Warsaw. Très basique en apparence, l’installation d’András Gálik et Bálint Havas est tout à fait enthousiasmante. On peut intervenir directement dans l’œuvre, en allumant ou éteignant à volonté l’une des centaines de petites lumières traçant l’inscription «Little Warsaw is dead».

Egalement très simple dans le procédé employé – des milliers de petits traits au crayon –, et captivant par le résultat : les dessins de Kamilla Szíj, qui produit ainsi de véritables paysages, remarquables visuellement et techniquement.

Vidéos, peintures sur toile, sur rondins de bois, photographies, projets architecturaux et labyrinthes complètent cette exposition qui s’inscrit dans le cadre de l’année de la Renaissance 2008.

Sébastien Martineau

 

Plus d’informations sur le site du Műcsarnok : www.mucsarnok.hu

1146 Budapest, Dózsa György út 37

 

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