Les Hongrois sont-ils sportifs?

Les Hongrois sont-ils sportifs?

Le sport n’est pas seulement l’éducation du corps, mais aussi le moyen le plus noble et le plus efficace pour éduquer l’esprit», a dit Albert Szentgyörgyi, ce médecin hongrois qui a reçu le prix Nobel de médecine en 1937 pour la découverte de la vitamine C et de l’oxydation biologique. Considération qui reste à l’ordre du jour aujourd’hui encore dans les sciences du sport comme pour les sportifs amateurs. 

 Si Albert Szentgyörgyi a appliqué ses préceptes- il a lui-même pratiqué le tennis, la natation, les échecs et la randonnée- les bénéfices du sport sont aujourd’hui bien connus.

La pratique sportive permet certes de prévenir de nombreuses maladies somatiques – et de ce point de vue la Hongrie ne fait pas exception – mais ces enjeux ne s’arrêtent pas là.

L’un des atouts de certains sports collectifs est de permettre à ceux qui les pratiquent de s’insérer dans une communauté. Ils y trouvent ainsi, outre une activité physique, des contacts et un soutien social. Or, cette approche est essentielle car, depuis le changement de régime, la Hongrie manque de communautés susceptibles d’être les vecteurs de telles valeurs.

En outre, les bons résultats des sportifs professionnels sont importants car il s’agit de symboles nationaux. Le sport de haut niveau compte beaucoup pour les Hongrois car c’est aussi un moyen de vivre des moments collectifs et de renforcer l’identité nationale. L’inverse est également vrai : si les sportifs hongrois n’ont pas de succès, les gens se sentiront pour le moins déçus. Les compétitions internationales permettent ainsi à la Hongrie d’être au centre de l’actualité et attirent l’attention sur le pays.

Le sport de haut niveau

L’importance de la culture thermale, curative et sportive n’échappera pas à ceux qui visitent Budapest et la Hongrie. La natation est en effet l’un des sports les plus importants en Hongrie. En se promenant sur l’île Marguerite, on tombera sur la piscine Alfréd Hajós. Celui-ci est l’un des premiers nageurs hongrois de réputation internationale. C’est après la noyade de son père qu’il s’est consacré à la natation. Il a ainsi obtenu deux médailles d’or lors des J.O. de 1896, devenant alors un modèle pour les générations futures. 

Krisztina Egerszegi est un autre symbole national puisqu’elle reste la nageuse la plus médaillée avec ses cinq médailles d’or en épreuves individuelles. Elle a obtenu la première à l’âge de 14 ans et pesait alors seulement 45 kilos. Elle était si petite qu’on l’appelait „la petite souris” („Egérke”), ce qui est aussi un jeu de mots avec son nom.

La Hongrie a organisé les championnats d’Europe de natation en grand bassin à Budapest en 2006, et en petit bassin à Debrecen en 2007. Les bonnes performances de Laure Manaudou auront aidé les Français à suivre ces compétitions.

Outre la natation, le water-polo est une autre tradition nationale particulièrement populaire. L’équipe hongroise a gagné trois médailles d’or de suite entre 2000 et 2008. La bonne nouvelle, c’est que Kemény Dénes, l’entraîneur de l’équipe, a décidé de rester. Les joueurs de water-polo sont ainsi une fierté nationale et participent dans un certain sens à l’éducation car ils se déplacent dans des lycées et des écoles primaires, véhiculant l’esprit sportif et d’équipe…

Par ailleurs, les J.O. de Pékin ont récemment confirmé les espoirs que la Hongrie peut placer en canoë-kayak, en escrime ou en pentathlon moderne, même si le public et les médias hongrois ont été déçus par les résultats de cette compétition et cherchent désormais à déterminer les causes de ce bilan insuffisant.

Loin des bassins, la Hongrie organise également un grand prix de Formule 1 depuis 1986 à Mogyoród, près de Budapest, au Hungaroring. Et dès septembre 2009, ce sera au tour de la moto de s’inviter en Hongrie, au Balatonring. Gábor Talmácsi a déjà fait des essais sur ce circuit. Auréolé de sa couronne de champion du monde, il est actuellement l’un des sportifs hongrois les plus en vue.

Quant au football hongrois, il est surtout connu pour l’équipe de la coupe du monde 1954, lorsque la Hongrie est allée jusqu’en finale, grâce en particulier à Ferenc Puskás. Décédé en 2007, son cercueil a été exposé à la basilique Saint-Etienne. Il a aussi donné son nom au plus grand stade du pays. Mais actuellement, le football ne donne pas satisfaction aux Hongrois. «Beaucoup d’argent, petit foot» (Nagy pénz, kis foci), disent-ils avec ironie…

Les pratiques amateures

En fait, sport professionnel et amateur sont intimement liés: si les résultats des professionnels sont exaltants, le sportif du dimanche fera peut-être plus de sport. A commencer par une randonnée (les collines de Buda ou les environs de Budapest comme par exemple Dobogók_ offrent de nombreux itinéraires) ou un programme de „wellness”. En outre, de nombreux nouveaux immeubles de bureaux sont dotés de leur salle de fitness. Le fait qu’Alexandra Béres soit championne du monde de fitness a largement contribué à l’explosion de cette mode.

Dans une version plus accessible, citons Norbi. Il propose des programmes de gymnastique et une gamme diététique à faibles calories mais pleine de vitamines et de protéines. Le week-end, il organise souvent sur l’île Marguerite ou dans le bois de la ville des programmes collectifs de gymnastique en accès libre.

Le problème du financement du sport est souvent avancé par les hommes politiques, l’équipement et la situation financière des clubs de sport est en effet loin d’être idéale. C’est particulièrement le cas pour les pratiques sportives qui exigent un certain niveau d’infrastructures, comme la voile, le golf ou l’équitation. Ceci est également vrai pour les salles de fitness: un abonnement représente souvent une part importante du salaire moyen hongrois.

Pourtant, malgré toutes les difficultés rencontrées et un manque de motivation certain, les initiatives pour “faire bouger” les Hongrois ne cessent d’augmenter.

Eszter et Grégory Sabadel

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