Le Hongrois nouveau est-il arrivé ?

Le Hongrois nouveau est-il arrivé ?

Avec l’apparition en Hongrie, fin 2008, d’un ELLE MAN (un ELLE pour les hommes donc), certains se sont demandés si l’homme moderne, bon, égalitariste, soucieux de sa personne mais viril, n’était pas en train de prendre le pas sur le primate des salles de gym.

 Pourtant, dans le reste du monde occidental, l’homme se cherche déjà une nouvelle identité face aux nouveaux statuts féminins.

Face à la réussite des femmes et aux changements sociétaux de ces dernières décennies, l’homme moderne (celui qui aime les gadgets et les pizzas surgelées) se cherche. S’il est évident que le mâle le plus déboussolé est le mâle américain, les autres n’en mènent pas large non plus. Avec le phénomène égalitariste qui bat son plein et le fait que, toutes études confondues, en France, 70% des diplômes de troisième cycle soient décernés à des femmes, le mâle s’inquiète. Bien sûr, la plupart des postes de direction sont encore occupés par des hommes qui gagnent plus que leur équivalent féminin, mais les choses changent. Dans ce contexte, le mâle est partagé entre l’adoption de certaines valeurs autrefois féminines et le retour à une virilité affirmée.

L’homme d’aujourd’hui est soucieux de sa beauté. Ces dernières années les produits de beauté pour hommes ont connu une progression de 30%. Même en Hongrie, pays où le machisme a encore de beaux jours devant lui, de plus en plus d’hommes fréquentent les instituts de beauté.

Comme me l’a confié mon esthéticienne préférée «avant, nous n’avions que des femmes et des étrangers, puis quelques Hongrois qui venaient avec leur femme et, en rigolant, aujourd’hui beaucoup plus d’hommes viennent d’eux-mêmes».

Qu’il s’agisse de l’épilation permanente de son dos ou du traitement de ses points noirs, le mâle hongrois s’aventure sur des terres encore inconnues de lui il y a quelques années. Le Japonais se demande si une certaine féminisation de sa tenue vestimentaire ne lui siérait pas, l’Américain et le Français cherchent, comment être virils sans être machos (où alors discrètement et loin de leur femme) et le Hongrois voudrait être beau.

Le problème de l’élégance, c’est son coût, à New York, comme à Paris nous dit-on, les jeunes élégants de 18 à 40 ans «exigent des vestes plus courtes et ajustées, des revers plus étroits et des pantalons cigarette sans pli, un style lancé par le styliste Thom Browne». Bref des costumes à 1500 euros (retouches comprises...) que le cadre hongrois moyen n’envisage pas d’acheter, particulièrement dans une période où il risque de ne plus pouvoir payer les traites de son appartement. A part quelques références cinématographiques, le dandy « métrosexuel » à l’anglaise, et le rugbyman en caleçon rembourré de chez Dim ne courent pas les rues de Budapest. La peur d’être catalogué « Gay » quand on ne l’est pas est un frein important pour la plupart des gens. Certains expatriés changent complètement de look en arrivant à Paris car « à Budapest, on a vite fait de se faire une réputation injustifiée, à croire que les gens n’ont rien d’autre à faire que de cancaner ». J’ai quand même déjà fait la (désagréable) rencontre de deux gros bras maffieux en polo rose (avec le crâne rasé, c’est très chic), ce qui prouve bien que les styles évoluent !

A l’heure où les institutions culturelles de l’Union européenne cherchent à mettre en évidence les similarités des diverses tribus urbaines qui peuplent nos 27 capitales, on se doit de reconnaître que la définition de l’élégance peut recouvrir des réalités très éloignées les unes des autres. Pour le jeune rappeur hongrois (oui, l’association des deux noms me fait rire aussi !), moins de problème pour trouver les bons accessoires et tout autant de fierté à les arborer.

Côté social, même s’il faut malheureusement rappeler qu’il y a deux fois plus de femmes battues en Hongrie qu’en France, les mentalités commencent à évoluer. Le problème de l’homme hongrois, c’est que si sa femme est d’accord pour tout faire à la maison, il ne voit pas pourquoi il devrait chambouler les choses ! Heureusement, une nouvelle génération de jeunes femmes se lève avec des idées précises sur le partage des tâches. Sans aller jusqu’à presser un jus d’orange frais pour le petit-déjeuner de l’élue de leur coeur, certains Hongrois envisagent de ne plus jeter leurs chaussettes sales au milieu du salon. Néanmoins, la proportion de femmes d’affaires qui préparent la soupe en rentrant du bureau est encore élevée. Tant que le problème de l’accès à des crèches de qualité ne sera pas résolu, les femmes auront peu de chance d’inverser les équilibres en place. Se faire traiter de « mauvaise maman » par sa belle-mère, simplement parce que l’on désire se servir de son cerveau à plein temps est le lot quotidien de nombreuses femmes d’exception.

En résumé, qu’il s’agisse d’esprit citoyen ou de mode, le problème de ce pays c’est le manque de moyens financiers. Et ce n’est pas prêt de changer.

Xavier Glangeaud

 

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