Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ?

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ?

Spécial anniversaire: 1989, 20 ans après

Les relations franco-hongroises 1989 – 2009

Nous vivons dans un monde parfait. De tous côtés, les louanges fleurissent, les coopérations se concrétisent. Il est certain, pourtant, que nous avons connu des hauts et des bas. D’un côté les invasions barbares, j’entends encore la voix fatiguée mais enchanteresse de M. Lucien Musset, évoquer les féroces guerriers Magyars. De l’autre, le traité de Trianon, qui fait encore mal. Aujourd’hui, nous cicatrisons les blessures de l’Histoire au baume européen. Depuis 1989, année après année, nous construisons notre petite relation bilatérale bien tranquille.

Bien sûr, comme dans beaucoup de couple où l’on cherche à vivre ensemble en harmonie malgré un quotidien aléatoire, il nous faut souvent fermer les yeux. Mais, il y a aussi les grands moments de bonheur, les rires échangés dans les couloirs de l’Union, les projets qui réussissent et qui font penser qu’un jour, dans longtemps tout de même, on sera tous des Européens pour de vrai.

En vingt ans, les Français ont appris que la capitale de la Hongrie était Budapest. Les gouvernants hongrois vous diront que c’est tant mieux parce que les campagnes d’affichage dans le métro parisien ne sont pas données! En tentant de défendre la Hongrie, le père de Montesquieu découvrit le vin de Tokay, le français d’aujourd’hui en trouve chez Nicolas, les choses progressent donc, dans l’ensemble.

Du point de vue des investissements et de la place de la France dans l’économie hongroise nous sommes arrivés un peu plus tard que les Allemands mais quatrième partenaire commercial ce n’est pas rien. Il y aurait bien des petites choses à dire sur les habitudes héritées du communisme, la corruption et les droits de l’homme (je vous propose de méditer un instant sur l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme), mais «la France n’a de leçon à donner à personne» et de toutes façons les Allemands sont là pour dire les choses qui fâchent. Au pire, les Cours européennes et les divers systèmes de médiation finiront bien par imposer leurs valeurs.

Côtés traités bilatéraux, il y a de tout, du technico-pratique comme de l’incitation à la coopération fraternelle. Je tiens à souligner que la coopération fraternelle est statistiquement une réalisation à la fois de droite (pour les Français) et de gauche (pour les Hongrois). Néanmoins, la Hongrie n’a connu qu’un seul gouvernement de droite (disons un et demi, pour éviter toute contestation, même si je ne dédaigne pas recevoir une petite lettre de lecteur mécontent de temps en temps), on ne saurait donc en tirer la moindre conclusion, même hâtive.

En revanche, il faut bien avouer qu’avant 1989 les visites officielles se faisaient dans une ambiance plus décontractée, j’en veux pour preuve cet extrait d’une dépêche AFP publié sur www.mitterrand.org «Evoquant la demi-finale de la Coupe du monde 1982 lors de l’inauguration du Centre national technique du football français, le 6 novembre 1988, François Mitterrand déclare : elle s’est déroulée, cette demi-finale, tandis que j’étais en Hongrie dans un voyage d’Etat. J’ai demandé à M. Janos Kadar à avoir une soirée libre, et nous sommes allés dans un restaurant de Budapest. Nous avons mobilisé une salle pour regarder la télévision, et nous avons souffert. Quelques instants avant la fin, c’était gagné (...)».

Plus de vingt ans plus tard M. Seguin regrettait qu’il y ait des gens pour organiser des meetings les jours où la France joue, on avait d’ailleurs invité M. Victor Orban à venir voir comme les Français jouaient bien.

Héritière des principes philosophiques napoléoniens, la France remet régulièrement quelques décorations à nos amis hongrois qui participent à bâtir une amitié solide entre nos deux pays. Les Hongrois sont plutôt chiches en la matière, ce n’est pas grave, je suis patient.

On constate aussi que les expatriés d’aujourd’hui n’hésitent pas à apprendre le hongrois. Il faut avouer que cela facilite pas mal les relations bilatérales, certaines choses sont tellement plus claires quand on les énonce dans la langue de Karinthy.

Il serait injuste de parler des relations franco-hongroises de ces vingt dernières années sans évoquer la Chambre de commerce franco-hongroise et toutes les associations qui, en France comme en Hongrie, font beaucoup pour tisser des liens et développer les opportunités de collaboration entre nos pays, malheureusement la place me manque et d’autres sont mieux placés que moi pour le faire !

 Bon 14 juillet à tous !

Xavier Glangeaud

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