Diplomatie en sursis ?

Diplomatie en sursis ?

Quatre ambassades et huit consulats hongrois à l’étranger fermeront leurs portes dans le cadre des réformes de la diplomatie hongroise lancées par Péter Balázs, ministre des Affaires étrangères.

Ces fermetures sont surtout motivées par la volonté de rationaliser le réseau diplomatique actuel mais également par la nécessité de diminuer les dépenses du ministère. Des changements qui ont suscité de nombreuses critiques.

Péter Balázs, ancien membre de la Commission européene, ne cachait pas ses intentions de réformer le système actuel: avant même sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères, il a fait savoir qu’il mettrait en place des réformes de la diplomatie hongroise. Selon lui, la Hongrie, qui compte jusqu’ici 118 représentations à l’étranger, n’a pas besoin d’autant d’agences, d’autant plus que l’affaiblissement du forint a eu pour conséquence d’augmenter de façon significative les dépenses à l’étranger du ministère depuis le début de la crise. Il a donc annoncé à la mi-juin son intention de fermer l’ambassade de Hongrie au Luxembourg, au Vénézuela, au Chili et en Malaisie ainsi que des consulats dans huit villes (Lyon, Düsseldorf, Cracovie, Chicago, Toronto, Sao Paolo, Hongkong et Sydney).

Cette réforme donnera également lieu à la fusion des agences dans certaines villes. La représentation de la Hongrie auprès de l’UNESCO rejoindra par exemple le corps diplomatique de l’ambassade hongroise à Paris. D’autres fusions sont prévues à Genève et à Vienne, où la Hongrie compte plusieurs agences auprès des organisations internationales. Le ministère espère ainsi économiser deux milliards de HUF. En revanche il a assuré que les 70 employés qui perdraient leurs postes à cause des remaniements ne seraient pas licenciés mais réintégrés au sein du même ministère.

Depuis l’annonce, en mars dernier, du projet de ces éventuelles fermetures, plusieurs manifestations ont eu lieu à l’étranger en faveur du maintien des bureaux consulaires, mais pour la plupart sans succès. C’était notamment le cas à Chicago, à Toronto et à Sydney mais également à Cracovie, ville polonaise avec laquelle la Hongrie entretient de fortes relations économiques et culturelles. Le maire de Cracovie a demandé aux dirigenats hongrois de revenir sur leur décision, qu’il considère très regrettable à la lumière des traditions communes entre la Hongrie et la Pologne. L’Alliance hongroise du commerce extérieur, une association qui représente les intérêts des entreprises hongroises à l’étranger, a quant à elle mis en avant la perte des possibilités d’investissement dans les régions concernées.

La seule ville où les manifestations ont eu l’effet désiré a été Cassovie, une ancienne ville hongroise qui se trouve désormais en Slovaquie et dont le consulat assure la représentation des intérêts d’un grand nombre de Hongrois. La présence de la diplomatie hongroise sera donc maintenue dans cette ville slovaque et c’est d’autant plus souhaitable que les relations entre la Hongrie et son voisin nordique sont de nouveau tendues suite aux élections européennes.

La popularité du parti nationaliste Jobbik en Hongrie suscite des inquiétudes dans les pays voisins qui craignent le renforcement des mouvements révisionnistes hongrois. Reste que la gauche et la droite hongroises ont des visions très différentes quant à la bonne conduite de la diplomatie hongroise. L’opposition, qui depuis sa victoire aux élections européennes se prépare désormais au rôle gouvernemental, a par exemple vivement critiqué les mesures annoncées par Péter Balázs. Selon Zsolt Németh, membre du Fidesz et chef du comité parlementaire des affaires étrangères, le gouvernement a choisi la façon la plus irrationnelle de faire des économies en fermant des consulats à l’étranger. Il a notamment souligné qu’en ces temps de crise, où l’image de la Hongrie s’est beaucoup détériorée à l’étranger, il serait important de garder toutes les représentations diplomatiques afin qu’elles puissent contribuer au maintien du dialogue avec les pays étrangers malgré les difficultés sur le plan économique.

Anna Bajusz

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