„On perd aussi nos victoires”

„On perd aussi nos victoires”

Spécial anniversaire: 1989, 20 ans après

Portrait d’Imre Pozsgay

On peut dire qu’Imre Pozsgay est un personnage ambigu du point de vue politique. Il était membre du parti communiste, mais à la fin des années 1980, il a "changé d’ avis". Il affirme même qu’il a joué un rôle important dans le changement de régime en 1989.

Son rôle politique est très connu en Hongrie car il a été le premier membre du MSZMP (le parti comuniste) à déclarer que la révolution de 1956 était véritablement une révolution. Auparavant, on disait officiellement que le gouvernement avait coopéré avec les russes pour défendre la Hongrie lorsque la population avait commencé à manifester dans la rue contre la domination de l’Union Soviétique. Grâce à lui, le gouvernement de Károly Grósz a été obligé de fonder un petit groupe, dans lequel figuraient des historiens et des hommes politiques afin d'effectuer une analyse historique du parti. Ce groupe devait également travailler sur les événements de 1956.

Lorsque tous les membres du parti sont tombés d’accord pour reconnaître qu'en 1956 avait bel et bien eu lieu une révolution, Imre Pozsgay était prêt à publier cet avis, mais il a dû attendre un déplacement du Premier Ministre à l'étranger pour éviter la censure.

Pendant le séjour de Károly Grósz à Davos, Pozsgay a alors accordé une interview à l'émission de radio la plus connue à l’époque: 168 heures. Quand Károly Grósz s’en est rendu compte, il était trop tard: des milliers de Hongrois avaient entendu le reportage.

De plus, il ne pouvait plus sanctionner Pozsgay puisque l'affaire était entrée dans le domaine public. S’il y avait eu une sanction contre lui, tout le monde en aurait eu connaissance et les membres du MSZMP lui auraient sans aucun doute apporté leur soutien.

En 1988-1989, Pozsgay était un politicien estimé. Il a failli être élu président, mais à 4 voix près, il n’a pas accédé à cette fonction. A l’époque du changement de régime, il a publié un pacte démocratique préconisant le droit de réunion, le vote démocratique, des changements dans la Constitution et le droit de grève. Toutefois, ce pacte n’a été jamais accepté car les partis de l’opposition, réunis lors de la célèbre Table Ronde (lire JFB n° 292), n’étaient pas du même avis et ont choisi le compromis en acceptant le programme du MSZMP.

A l'heure actuelle, on cherche souvent la cause des erreurs faites lors du changement de régime. Quelques historiens disent que l’opposition de la table ronde n’a pas su s’affirmer. Pour sauvegarder la paix, on a laissé le MSZMP dominer les discussions et les décisions alors qu'il aurait fallu traduire les coupables en justice. Le problème reste entier aujourd’hui. Beaucoup de personnalités, qui occupent encore des postes importants aujourd'hui, restent responsables et donc potentiellement coupables des événements qui se sont produits sous l’ancien régime.

Eszter Kocsis

 

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