De l'arsenic à domicile

De l'arsenic à domicile

A partir du 1er avril, 190 000 hongrois sont restés sans eau potable après la décision de l’ANTSZ (Service National de Santé Publique et des Médecins Conseils) de fermer les robinets dans plus de 40 villes et villages hongrois des plaines du sud de la Hongrie.

La situation à Eperjes, dans le Département de Csongràd, est la pire: le taux d’arsenic y est treize fois plus élevé que le taux autorisé par l’UE, mais la qualité de l’eau est considérée mauvaise dans environ 400 villes du pays.

Depuis un an, chaque jour, une voiture apporte de l’eau potable aux habitants d’Eperjes. La construction d’une conduite d’eau, évaluée à 150-160 millions de HUF, serait une solution à long terme mais l’argent manque pour réaliser le projet. La provision d’eau potable en bouteilles dans les villages concernés coûterait environ 180.000 HUF par an aux municipalités, soit une grosse part de leur budget de fonctionnement. Le gouvernement envisage de prendre en charge ces dépenses mais ne proposant pas de solution à court terme aux problèmes des municipalités en question.

Lors de son entrée dans l’UE, la Hongrie a promis de réduire le taux d’arsenic de l’eau potable de 50 à 10 microgrammes/litre. Pour concrétiser ce projet, le gouvernement a lancé un appel d'offre de 240 milliards de HUF, financé par Bruxelles, mais seuls 2 milliards de HUF ont été utilisés à ce jour. Afin de pouvoir prétendre à une aide financière, un village doit au préalable posséder 10% du budget nécessaire à la construction des infrastructures. Comme les mairies concernées ne possèdent pas de capital propre, presque aucune n’a soumis de proposition pour purifier l’eau. C’était par exemple le cas à Bugyi, où le taux d’arsenic est trois fois supérieur à la norme et où la mairie aurait eu besoin de 300 000 HUF pour enclencher le processus de purification de l'eau. Après deux ans, ce village, situé au sud de Budapest, a finalement trouvé de l’argent et vient de commencer le projet. Malheureusement, ce n’est pas le cas partout.

Comme la réduction du taux d’arsenic dans l’eau potable, promise en 2004, n’a pas été réalisée, la Hongrie s’est tournée vers Bruxelles pour obtenir un délai. En revanche, le fait que quasiment rien n’ait changé depuis l’adhésion du pays n’est pas vu d’un bon œil par le Comité de Protection de l’Environnement. Cette opinion a été exprimée par Karl Falkenberg dans sa réponse en janvier. Selon les études de l’UE, le taux d’arsenic trop élevé dans l’eau peut causer des maladies cancéreuses, surtout chez les enfants et les jeunes mères. Eperjes contredit les statistiques: il n’y a qu’un seul habitant, âgé de 60 ans, qui souffre du cancer.

En attendant, les différentes branches de l'administration hongroise se renvoient la responsabilité de la situation actuelle. C’est le rôle des mairies locales que d’approvisionner les habitants en eau potable. En revanche, c’est le Ministère de la Santé Publique qui est censé protéger la santé de la population, tandis que le Ministère de la Protection de l’Environnement devrait trouver les moyens pour purifier l’eau. En fin de compte, l’ANTSZ a décidé de prendre des mesures pénibles mais nécessaires. A l'heure actuelle, entre 1,3 et 1,5 millions de hongrois n’ont pas accès à une eau saine et la patience de l’UE ne durera que jusqu’en 2013, lorsque Bruxelles retirera les fonds du concours.

Kinga Neder

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