Graffitis sociaux

Graffitis sociaux

Plusieurs initiatives cherchent à améliorer les conditions de vie des communautés défavorisées à travers la création de fresques murales.

 

 

 

L’histoire de deux tsiganes frère et sœur est représentée sur les murs, auparavant gris, d’une école primaire dans la banlieue de Pécs. Les élèves de l’institution ont imaginé et peint ensemble les différentes étapes au cours desquelles les deux jeunes rroms deviennent des musiciens reconnus. La fresque de 60 m2 achevée cette été est le 10e projet de ce type, réalisé cette fois dans le cadre du programme de la capitale de la culture “Pécs 2010 ”.

Mural Morál

L’idée de faire décorer les murs par des communautés défavorisées revient à Krisztina Katona et Ágnes Berecz. Les jeunes coordinatrices de la Fondation Zöld-Híd ont créé le groupe Murál Morál en 2007 à la suite d’une aventure au Nicaragua, où la préparation et la réalisation de fresques murales est également une méthode de thérapie artistique. Elles ont visité la ville Esteli, connue pour être le lieu d’origine du «mural painting» (peinture murale). La ville, plus petite que Pécs, a longtemps été marquée par la guerre civile qui opposa la junte sandiniste aux contre-révolutionnaires soutenus par les États-Unis dans les années 1970 et 1980. A cette époque, inspirés par les muralistes mexicains, les nicaraguayens ont commencé à exprimer leurs revendications dans des peintures murales très colorées. Depuis lors, Esteli a conservé cette tradition. L'association Funarte, née de cet héritage, y propose des ateliers de peintures murales à des enfants et des jeunes de quartiers défavorisés ainsi qu’à de jeunes adultes en prison. Elle tend à sensibiliser son public à des thèmes sociétaux et lui permet ainsi de réfléchir, de se positionner et de s'exprimer à travers l'art.

Le groupe Mural Morál fonctionne selon les mêmes objectifs. Les jeunes participants discutent ensemble d’un conflit local relatif, par exemple, à l’égalité des chances, à la pollution ou au chômage. Puis ils imaginent, rassemblés en petit groupes, des solutions possibles aux problèmes et les peignent sur papier. A la fin, ils décident des meilleurs symboles d’un avenir idéal et peignent tous ensemble des fresques gigantesques de 60 à 100 m2. Outre un résultat haut en couleurs et une activité artistique exercée en commun, ce sont surtout les discussions menées en amont, parfois pendant plusieurs mois, qui permettent peu à peu de calmer les tensions. Actuellement sept ateliers fonctionnent à Pécs avec la participation de plus de 80 jeunes. L’ancien ministère des affaires sociales et du travail a désigné ce programme comme l’un des «Projets exemplaires pour les enfants et les jeunes» en 2009.

Village de fresques

A l’autre bout du pays, près de la frontière slovaque, la fondation Európai Mûhely a développé un programme très similaire à Bódvalenke. Le Nord de la Hongrie souffrant cruellement du chômage, les quelques 200 habitants du village, surtout des Rroms, souffrent également de l’oisiveté, ce qui est parfois plus douloureux encore que la pauvreté. Ils ont donc envisagé tous ensemble, avec l’aide de cette association civile, de peindre leurs difficultés et leurs rêves sur les murs du village. Ainsi souhaitent-ils en outre développer le tourisme en transformant leur environnement en une exposition vivante.

Judit Zeisler

 

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