Voyage, voyage

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Traio Romano au Festival Sziget

 

2226 km, c’est la distance entre la ville transylvanienne Târgu Mures et Carcassone en France, c’est-à-dire entre la ville d’origine des membres fondateurs du groupe Traio Romano, qu’ils ont quittée il y a 6 ans et celle où ils vivent maintenant. La musique de Traio Romano (qui signifie la Vie rrom) s’inspire de la mémoire des voyages dans l’espace et le temps. Le JFB a rencontré Lise Borki, la chanteuse et clarinettiste du groupe lors du Festival Sziget.

 

 

JFB: Vous avez fondé ce groupe avec votre mari, Gavris Borki. Vous êtes française et il est roumain, comment vous vous êtes rencontré?

Lise Borki: Je suis allée en Roumanie en 2001 par curiosité et pour écouter de la musique car j’adorais la musique tzigane. J’avais déjà chanté en France une sorte de mélange entre des musique traditionelles, tzigane et italienne, mais à cette époque je ne parlais encore ni tzigane ni roumain. J’ai rencontré Gavris en Roumanie puis nous avons voyagé en Suisse et en France pour jouer de la musique dans la rue, dans des bars. C’était la vie de bohème. On a ensuite monté ce groupe en 2003, à Marseille puis à Carcassone où nous vivons actuellement et où grandissent nos deux enfants. L’histoire des autres membres du groupe est similaire: ils sont venus de Roumanie en France pour jouer de la musique et se sont aussi mariés en France.

JFB: Vous-vous inspirez plutôt de la musique tzigane tradionelle?

L.B: Notre répertoire est beoucoup influencé par nos voyages: de la musique traditionnelle roumaine ou serbe jusqu’au flamenco en Espagne et le swing manouche que notre violinste adore.

JFB: Est-ce que la musique tzigane est traitée différemment en France et en Europe de l’Est?

L.B: Il y a certainement une mode de la musqiue tzigane qui a tout d’abbord été ammenée par Taraf de Haïdouks et ce genre de groupes. Les français avais une image assez floklorique de la musique tzigane, tandis qu’aujourd’hui il y a tellement de groupes rroms qui viennent se produire sur les scènes françaises que l’on a une vision différente. Il y a même beaucoup de groupes français qui font de la musique tzigane, par exemple des groupes rock qui font de la fusion entre le rock et la musique tzigane.

JFB: Est-ce qu’il y a beaucoup de musiciens roumains en France?

L.B: Oui, beaucoup. Certains sont venu avant l’adhésion de la Roumanie à Union, mais à cette époque c’était encore très difficile de passer la frontière. Puis dès que les frontières se sont ouvertes, il y a eu un flot des musiciens. Certains réussissent à former des groupes, mais d’autres ne peuvent pas s’organiser. Alors ils jouent dans les rues, dans le métro. Dans le métro il y en avait partout, partout. Maintenant je pense que l’on a pris des mesures pour intedire la musique dans les transports publics car il n’y en a plus beaucoup.

JFB: Est-ce que vous ressentez le climat particulièrement défavorable aux Rroms actuellement en Europe, mais surtout en Italie?

L.B: Oui, bien que les musicien soient toujours privilégiés et respectés. Les autres, surtout ceux qui viennent d’arriver, sont évidemment discriminés. Ils vivent dans la pauvreté, ils ne trouvent pas de travail, ils ne sont pas bien considérés. Il y a des gens qui se mobilisent contre ça, mais la majorité préfère ne pas savoir. Et je pense en effet que tout qui se passe en Italie, est encore pire…

Propos recueillis par

Judit Zeisler

 

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