Lendemain de fête

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Bilan de Pécs, capitale européenne de la culture 2010

Malgré les scandales en série durant la préparation de cet événement, Pécs, capitale européenne de la culture 2010, a pu réaliser les programmes prévus. Il reste maintenant à remplir les salles et financer le fonctionnement des nouvelles et gigantesques institutions.

Occasion manquée ou situation sauvée? – on peut se poser la question à l'heure du bilan pour Pécs, qui fut l'une des trois capitales européennes de la culture en 2010. A partir du moment où Pécs eut remporté ce titre honorifique, les scandales ne cessèrent d'éclater. Le maire de la ville et moteur du projet, le très populaire László Toller, disparut suite à un accident de la route en 2006. Son successeur, Péter Tansádi, décéda quant à lui des suites d'un cancer en 2009. Alors que la ville était secouée par ces tragédies successives, d'autres questions faisaient la Une des journaux: problèmes de financement, projets d’investissement en retard ou encore directeurs artistiques quittant leur fonctions les uns après les autres. Ainsi le nouveau maire Fidesz de la ville Zsolt Páva hérita-t-il d'une situation particulièrement complexe.

Début 2010, aucun des grands investissements prévus n’étaient encore prêts. Le Centre d’information et de documentation, englobant les bibliothèques régionales et universitaires de Pécs et réalisé pour 5,5 milliards de HUF, a ainsi été achevé en automne. Mais deux mois après son inauguration, deux immenses paneaux de verre de 6 m2 sont tombés de la façade à cause du froid, sans toutefois causer de victimes. La salle de concerts a été ouverte quelques semaines avant la fin de l’année. Quant au quartier Zsolnay, il ne sera inauguré qu'en janvier.

Malgré ces circonstances malheureuses, les programmes culturelles se sont quant à eux déroulés sans inconvénient majeur. Seal, Careras et Domingo, les œuvres de Munkácsy et celles des maîtres du Bauhaus ont tous visité Pécs en 2010. 12 pianos ont été installés dans les rues pour que les passants puissent organiser leurs propres concerts. Selon les sondages, 85% des habitants de Pécs étaient satisfaits des évènements organisés. «Le nombre de touristes à Pécs a été multiplié par trois. 900.000 personnes ont ainsi visité le chef lieu du département de Baranya», a indiqué le maire de la ville, Zsolt Páva, se réjouissant ainsi du succès du projet.

Une question demeure: comment la ville, qui souffre par ailleurs d'un important taux de chômage, pourra-t-elle tirer parti de ce projet à long terme? Bien que cet événement a créé de nombreux emplois temporaires, il est à craindre que les investisseurs se désintéressent quelque peu de la ville désormais. Actuellement plusieurs associations civiles se penchent sur ces questions. Ces même associations qui avaient monté le dossier de candidature de Pécs, capitale européenne de la culture. Après avoir emporté le projet, la mairie les avait exclues de son suivi en 2006. L'un de ces contributeurs civils, l'architecte Zorán Patartics, tente désormais de ranimer le débat sur l’avenir de Pécs. Il a notamment créé le site www.afal.hu (le mur) où les habitants peuvent partager leurs idées sur l’avenir de Pécs.

Il faut également remplir les salles et financer le fonctionnement de ces nouvelles et gigantesques institutions. Le maire Zsolt Páva espère que le gouvernement se chargera du financement du centre de concert en l'incluant au titre des institutions culturelles nationales. Ainsi le bâtiment pourrait-il bénéficier des ressources de l’État qui financeraient la moitié de son budget annuel, soit 800 million de HUF. Cependant et malgré la participation de l'État, la municipalité de Pécs devrait contribuer à l’opération de l’institution à hauteur de 400 millions de HUF par an, en plus des centaines de millions de HUF alloués au Centre d’information et de documentation et au futur quartier Zsolnay. Ces institutions peuvent en tous cas garder le souvenir d’un rendez-vous manqué, des ballons vides après la grande fête...

Judit Zeisler

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